L'absence infuse lentement. Elle aurait pu incidemment laisser intacts les pièces et les recoins, les vides, les interstices, et dans l'espace, me laisser intacte à mes impressions, celles-là même qui, si profondément intriquées en moi, imbriquées dans la pulsation la plus intimement mienne, m'assuraient constamment que j'étais en vie.
J'aurais pu d'une main saisir encore la tasse brunie, suivre du regard les minuscules fissures dans le vernis, soulever précautionneusement la théière, et le liquide brûlant aurait encore coloré mon attente, pendant que d'un souffle j'aurais pu dissiper le très fragile nuage de fumée. Évanescence du monde à laquelle, un instant encore, il aurait pu m'être accordé de me retenir.
Les objets scellés dans l'espace pour une durée aussi faible soit-elle, pures concrétions, n'auraient-ils pas pu avoir pitié de mon attente, et ne pas me signifier dans le désastre, la lente fissuration des émotions ? Qui dans ce monde aura pitié de nous ? Nous voilà dans le creux du monde, renvoyés au vide béant dans lequel nous sombrons, et les chocs et les bris ont déjà commencé autour de nous.
Voilà que l'absence se diffuse dans mes veines et la pulsation qui autrefois parlait de la possibilité du monde, au plus intime de mes nuits, quand on n'entend rien que la vie qui bat contre la tempe, parcourant le tracé finement réticulé des veines bleutées, alors même les oiseaux nocturnes se sont tus et le vent est tombé, cette pulsation aussi est retombée.
Seul le souvenir d'elle est tourment. Intime et silencieux. J'ai souvenir de la pulsation vive qu'elle fut, autre encore que le seul battement du cœur, bien plus profondément présente et vaste que le battement du cœur, la pulsation dont parfois, dans un pur miracle, parle une phrase musicale.
Maintenant il reste, au centre de ce que nous sommes, un noyau silencieux où les bruits de ce monde parviennent et s'absorbent, et voilà que tout en moi rend un bruit mat.
J'aurais pu d'une main saisir encore la tasse brunie, suivre du regard les minuscules fissures dans le vernis, soulever précautionneusement la théière, et le liquide brûlant aurait encore coloré mon attente, pendant que d'un souffle j'aurais pu dissiper le très fragile nuage de fumée. Évanescence du monde à laquelle, un instant encore, il aurait pu m'être accordé de me retenir.
Les objets scellés dans l'espace pour une durée aussi faible soit-elle, pures concrétions, n'auraient-ils pas pu avoir pitié de mon attente, et ne pas me signifier dans le désastre, la lente fissuration des émotions ? Qui dans ce monde aura pitié de nous ? Nous voilà dans le creux du monde, renvoyés au vide béant dans lequel nous sombrons, et les chocs et les bris ont déjà commencé autour de nous.
Voilà que l'absence se diffuse dans mes veines et la pulsation qui autrefois parlait de la possibilité du monde, au plus intime de mes nuits, quand on n'entend rien que la vie qui bat contre la tempe, parcourant le tracé finement réticulé des veines bleutées, alors même les oiseaux nocturnes se sont tus et le vent est tombé, cette pulsation aussi est retombée.
Seul le souvenir d'elle est tourment. Intime et silencieux. J'ai souvenir de la pulsation vive qu'elle fut, autre encore que le seul battement du cœur, bien plus profondément présente et vaste que le battement du cœur, la pulsation dont parfois, dans un pur miracle, parle une phrase musicale.
Maintenant il reste, au centre de ce que nous sommes, un noyau silencieux où les bruits de ce monde parviennent et s'absorbent, et voilà que tout en moi rend un bruit mat.
"'ai souvenir de la pulsation vive qu'elle fut, autre encore que le seul battement du cœur, bien plus profondément présente, et vaste que le battement du cœur, la pulsation dont parfois, dans un pur miracle, parle une phrase musicale"
RépondreSupprimermagnifique...
ce bruit mat, qui peut savoir? J ai préfèré les dissonnances ( sic?)des vanités précédentes mais on est si pris par ce texte, qu' on ne veut pas le quitter, même si son inscription en soi est ... y a pas de mots pour cela, sinon les tiens
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce texte, peut-être parce que j'y reconnais mes propres explorations, la pulsation du monde, l'absence, etc.
RépondreSupprimerContente d'avoir fait le chemin jusqu'ici depuis twitter.
plus de compliments! ce n'est plus de la littérature! ce n'est plus du jeu! et demander qui ( dans ce monde, mais sinon un autre mériterait-il d'exister?) aura pitié! cette audace! quel culot! cette idée, osez ça! avant les vanités étaient bien gentilles, bien sûr elles entretenaient une tristesse, une gravité, mais de bon aloi,intelligente, assez chic en somme, dans la tradition du "finis coronat opus", mais celle-là, la septième, pas un jour de repos, ça non!pourquoi? c'est blessant ( au sens propre, bien sûr) et on se dit qu'avant on avait fait que méditer, sur de l'ébréché, des fissures, des bouts de verre, des visages, des recompositions improbables, mais là! on, tu, toi ...trop de toi, et on ne peux rien, juste lire, comme si on avait mérité ça, cette question, la seule, son étreinte, qui aura pitié? et on n'a pas le droit de répondre, on se sent si disqualifié! on voudrait tant, c'est pas du jeu, pas de la littérature, ou alors... c'est ça?
RépondreSupprimer