Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mardi 10 août 2010

Cahiers d'un autre été, XXII (immobilité)

Je pense qu'il suffirait de ne pas bouger.

Parfois l'été éclaire crument les corps, et les oblige à avouer leurs faiblesses. Les pas se font lents dans la pente. Le panier pèse et le bras est plus fatigué. Il y a une tâche, là, sur cette main, que le jour vient de révéler. Il faudrait repeindre la grille, la rouille l'a attaquée, mais l'hésitation autrefois inconnue est bien là, il fait un peu trop chaud, elle attendra l'année prochaine, et l'année prochaine, la rouille aura œuvré davantage, le temps aura rongé, sucé, happé la résistance, et il faudra encore reculer.

Il pourrait suffire, peut-être de ne plus du tout bouger.

Ce n'est pas certain, mais l'hypothèse mérite qu'on lui prête attention, une attention diffuse et alanguie, certes, ce n'est peut-être pas tout à fait une attention, l'heure nous en rend presque incapables, quelque chose comme une trace vague sous les paupières mi-closes, il n'est peut-être pas utile de faire plus. Mais alors on se rend bien compte qu'il faudrait, non seulement ne plus bouger, s'immobiliser si longtemps que cela déviendrait une réelle souffrance....

...mais il faudrait aussi ne plus penser. Les mouvements de l'esprit devraient cesser eux aussi, et les tournoiements des idées s'arrêter, et les palpitationns des suppositions retomber, avec les espoirs, les attentes, les pures rêveries. Les espoirs sont torturants et décevants, les rêveries se dissipent comme des fumées. Tout devrait se calmer. Il pourrait suffire de ne plus rien attendre.

Alors même que tournoient dans un rayon de soleil de pures particules d'or.

Et les images dansent et reviennent, dans une mélodie chère à mes souvenirs, les images dansent et reviennent, je n'y puis rien, mes souvenirs se colorent qui ne veulent pas mourir, la vie palpite dans la question d'un enfant, je n'y puis rien, je ne peux pas empêcher, ni les larmes de couler, ni sa main d'être confiante dans la mienne.

Alors il faut reprendre et les mouvements et les pensées et les paroles et les chansons, fredonner un vieux tango et revenir dans la cuisine, préparer encore un repas, avec ce qui vient du marché, entrechoquer les instruments, affûter les lames, découper, trancher, pleurer n'est pas utile, réveiller des odeurs, il n'y a pas le choix, et accepter les bruits de la vie, mettre les assiettes, et regarder notre vie qui reprend son cours.

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