Il arrive que dans une même journée les voyages s'articulent les uns aux autres d'un point à un autre et de cet autre au premier et qu'en une même journée ainsi les mille sept cents quatre-vingts kilomètres parcourus à la vitesse moyenne de trois cents kilomètres/heure me ramènent en quelques heures à mon point de départ.
Le paysage a glissé sur la vitre, dans un sens, nous avons laissé les lacérations urbaines des abords des grandes villes, la centrale nucléaire, les vallées froides et ombrées, les autoroutes frôlées, les villages abrupts et à pic, le fleuve, et un éclair bleuté sur la mer, et puis de nouveau les lacérations des abords des villes, et dans un autre sens remontons de ces nouvelles lacérations vers la centrale nucléaire, des vallées intactes si nous n'y passions pas, qui sombrent dans le crépuscule, vers le fleuve immense (il n'est plus qu'un souvenir), la nuit tombe, et se déchire de lacérations de lumières qui la traversent, le train freine et le quai nous laisse retrouver nos mouvements propres mais vacillants.
La journée commencée dans la gare déjà fébrile échoue sur la gare désertée et les dix-sept heures ainsi passées dans le mouvement immobile entre ce lieu et ce même lieu, dans l'éloignement et le retour, ne sont plus qu'une agitation vaine dans le temps, une immobilité spatiale, à la grande vitesse d'un éloignement extrême. Qui me ramène au même endroit.
moi qui déteste les villes, la modernité , ton écriture me prends au piège elle est comme une sirène envoutante et inéluctable, si calmement vibrante et sensible, si ce n'était pour ça la froideur de ce monde nous glacerait, mais l'intérieur de l'écriture , de l'être est chaud, d'oû le piège, on est forcé de voir, d'accepter,
RépondreSupprimeret puis bien sur cette autre dimension, philosophique, de "l'être " dans l'espace et le temps, pour moi une alchimie subtile et contradictoire de mélancolie évasive et d'acceptation, mais lointaine, d'oû peut être l'immobilité du mouvement ,
d'ailleurs cela me rappelle cette histoire native american de deux hommes qui aiment la foret le premier la parcourre en tout sens l'autre la médite immobile assis le dos à l'arbre, le même point d'arrivée pour deux voyage (seven arrows)
Comme happée dans un vortex, te voilà revenue d'un voyage dans le temps.
RépondreSupprimerLes paysages ont défilés et il te semble ne pas avoir bougée.
Et pourtant, si on y regarde de plus prés, entre les lignes (ferroviaires), il y a trois fois le mot "lacérations" posé là comme les stigmates du voyage.
ces métaphores, celle du fleuve aussi sont de réelle présences poetiques, je me demande si ce voyage n'est pas mental, des présences en éclair de neurones, pas forcément des réminiscences mais des présences simultanées dans le vouloir ou le laisser-vivre , mais c'est la poésie qui veut ça,
RépondreSupprimerces lignes et entrecroisements de mondes me rappellent Vieira da Silva,
faire plusieurs fois le tour du texte, le contourner, le viser en diagonale, et s"approcher de la bête vive qui gronde dans ces failles et les dérives
Échos de mon texte dans ton commentaire. Je découvre sur mon blog ce que c'est qu'être entendue, et lue. C'est infiniment précieux.
RépondreSupprimerSincèrement, je découvre dans vos échos, d'autres explicitations possibles, qui me conviennent, d'autres déploiements, développements qui ouvrent les possibles.
RépondreSupprimerComme tu véhicules à merveille cette "image fragment" d'espace-temps comme un puzzle temporel.
RépondreSupprimerCette persistance de l'existence en "boucledéchirée" Il est si difficile de trouver un sens, une distance objective, une constante au regard existentiel. Tributaire de cet espace/temps exigeant et écrasant comment arriver à reconstituer du sens du soi ? vivre, j'avance ?
Ces mots soucieux de la vision, attentif aux formes et aux mouvements dans l'espace, sont très justes, et donnent à voir. Merci. Je les retiens. Ils nourriront certainement un autre texte. Déjà ils résonnent en moi.
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