Plongée dans la ville, au matin. La première impression viendra du vent.
Dans l'aéroport, il règne un calme surprenant. Ses portes s'ouvrent et me projettent dans un monde humide et presque tiède, sous la pluie ; je ne le reconnais pas. L'air marin arrive par bouffées et m'indique un ailleurs. Les arbres se courbent sous les prémisses de la tempête. Elle viendra plus tard.
Rien de déjà vu. Tout surprend.
Puis la ville approche, et les repères s'estompent. Les caractères deviennent autres, dont les traits s'étirent et s'entrecroisent. Les panneaux défilent sur l'autoroute. Se multiplient. Sans doute ils se répètent, mais je n'en sais rien, ne perçois rien de tel. Nous roulons sur des inscriptions. Je les regarde, et elles restent muettes. Plus la ville approche, plus sa complexité se profile. Pour moi, elle demeure obstinément muette.
Je perds la lisibilité du monde.
Une voix dans le haut-parleur, féminine. Elle semble à mon oreille suivre précisément une ligne musicale qui monte, descend, remonte, ligne plus lente que les miennes, plus douce aussi. Les mots s'égrainent dont je ne connais pas même les limites. La phrase s'étire à mon oreille.
J'entre dans un monde bruissant, musical, silencieux parfois — mais dans lequel les mots m'échapperont pendant des jours entiers. Ils glisseront entre mes doigts sans que je les puisse presque jamais retenir. De quelques uns, seulement, je me saisirai précautionneusement comme de sauf-conduit, et les invoquerai dans le dédale des lieux.
Pour la première course, à l'entrée du métro, je recule. Les plans incroyablement complexes ne se superposent pas. Je tente de les recouper, et mon esprit déploie des efforts désordonnés. Les couleurs des lignes s'entrecroisent. Je ne parviens pas à les suivre. Les stations se recouvrent, et leurs limites m'échappent tout autant que leurs noms. Une foule résolue suit des itinéraires calmes que je ne détecte pas.
Pourtant le dernier soir, par une suite de miracles opérés selon les lignes d'une synchronisation parfaite, je découvrirai l'immensité de la ville, du haut d'une tour. La brume estompera ses contours et ses limites se déroberont. Mais le regard plongeant qui me sera offert en saisira l'extension ponctuée de lumières diffuses.
Dans la pénombre géométrique du lieu, comment ne pas remarquer une plante dont les spirales, mystérieusement, s'enroulent sur elles-mêmes ?
Rien de déjà vu. Tout surprend.
Puis la ville approche, et les repères s'estompent. Les caractères deviennent autres, dont les traits s'étirent et s'entrecroisent. Les panneaux défilent sur l'autoroute. Se multiplient. Sans doute ils se répètent, mais je n'en sais rien, ne perçois rien de tel. Nous roulons sur des inscriptions. Je les regarde, et elles restent muettes. Plus la ville approche, plus sa complexité se profile. Pour moi, elle demeure obstinément muette.
Je perds la lisibilité du monde.
Une voix dans le haut-parleur, féminine. Elle semble à mon oreille suivre précisément une ligne musicale qui monte, descend, remonte, ligne plus lente que les miennes, plus douce aussi. Les mots s'égrainent dont je ne connais pas même les limites. La phrase s'étire à mon oreille.
J'entre dans un monde bruissant, musical, silencieux parfois — mais dans lequel les mots m'échapperont pendant des jours entiers. Ils glisseront entre mes doigts sans que je les puisse presque jamais retenir. De quelques uns, seulement, je me saisirai précautionneusement comme de sauf-conduit, et les invoquerai dans le dédale des lieux.
Pour la première course, à l'entrée du métro, je recule. Les plans incroyablement complexes ne se superposent pas. Je tente de les recouper, et mon esprit déploie des efforts désordonnés. Les couleurs des lignes s'entrecroisent. Je ne parviens pas à les suivre. Les stations se recouvrent, et leurs limites m'échappent tout autant que leurs noms. Une foule résolue suit des itinéraires calmes que je ne détecte pas.
Pourtant le dernier soir, par une suite de miracles opérés selon les lignes d'une synchronisation parfaite, je découvrirai l'immensité de la ville, du haut d'une tour. La brume estompera ses contours et ses limites se déroberont. Mais le regard plongeant qui me sera offert en saisira l'extension ponctuée de lumières diffuses.
Dans la pénombre géométrique du lieu, comment ne pas remarquer une plante dont les spirales, mystérieusement, s'enroulent sur elles-mêmes ?
Et voilà que l'immensité de la ville peut se résumer dans les sinusoïdales fermées d'une plante. Formidablement étendue et pourtant recroquevillée sur elle-même.
RépondreSupprimer...Ils glisseront entre mes doigts sans que je les puisse presque jamais retenir...
RépondreSupprimerTes mots eux glissent dans notre tête comme le chant d'un ruisseau clair et apaisant.
J'aime te lire. De retour bientôt. Parfois silencieusement mais fidèlement.