Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

samedi 22 août 2009

Senteurs VII

La senteur VII est une odeur retrouvée, au hasard d'une route poussiéreuse, dans la chaleur de l'été. 

La poussière est rouge… ocre, et le paysage alors peut commencer à se dessiner. 

Cette odeur suffira-t-elle à tracer sous nos yeux la route qui sinue, la poussière que le vent balaie (ocre, je vous l'ai dit, couleur de peintre, de couchant, de levant, de lumière dans les yeux, de la chaleur de la terre) ? Les vignes se protègent du vent dans les creux des flancs âpres de ces montagnes.

Nous revenions de la mer. Cette mer dont le goût reste sur la peau plus longtemps que celui de l'océan. Les enfants fatigués de leurs jeux, au soir infiniment lent qui s'étire sur le sable, serrent dans leur main un coquillage et se mordent doucement les lèvres ; dans le secret de leurs rêveries, ils font leur délice mystérieux de ce sel ultramarin et ne regardent plus que les vagues au loin.  Et les vagues, et leur écume, et le tracé à même la frontière indécise de la plage, là où elles viennent, étales, sur le sable encore chaud, et nous suivions alors l'ondulation infinie de la trace par elles laissée.

Les montagnes parfois portent des noms assez anciens pour inciter aux questions sans réponse, aux songes de couleurs, aux caresses qu'apporte le vent. Et les entrées maritimes…

Alors, je ne sais plus pourquoi, je ne sais plus pour quelle raison sans importance, nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route. Sur la terre ocre, au bord des vignes encore vertes, j'ai frôlé du bras un plant de fenouil sauvage. Mes doigts ont pressé, sans y penser, les graines encore immatures de ses ombelles. Elles ont déposé sur ma peau cette odeur qui monte au soir, après les journées chaudes, cette odeur presque âpre qu'on sent dans les ermitages vides, accrochés sur des rochers à vif, dans des châteaux en ruines d'où, au loin, on aperçoit la mer, dans les chemins déserts qu'on suit entre les vignes et les rochers…

Je ne l'avais plus senti depuis des années… et pourtant elle est restée dans mes rêves.





2 commentaires:

  1. Tiens, contrairement à ce que je viens d'écrire, cette senteur me donne envie de sortir. Je vais aller comme tu le décris me gorger d'embruns et peut être au retour m'arrêterais-je humer ce fenouil et me rappeller...

    très joli encore. bravo.

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  2. Que c'est beau cette évocation de la mer et de le terre, des traces du sel et l'odeur de la vie marin sur nos personnes qui vivent, moi je suis surpris aussi de ces mille gestes qui penchent sur le monde, égraine ces senteur qui restent , c'est merveilleux quand on y pense cette dimension des senteurs, comme celle des couleurs, mais plus encore mystérieuse, impalpable, enocore que la lumière matière aussi soit impalpable , mais le parfum est comme dans les vides dont parle peter, les vide qui font parler la vie mieux que les pleins; qui révèlent, comme les noms révèlent une autre strates de nous même enf(o)uie qui affleure... c'est finalement là l'important, ce qui reste accroché comme un pollen quand la prétendu importance de vivre c'est essoufflée, une grande paix d'être à l 'écoute de tout cela .;; vivre au clair de la lumière et des parfums , Angélique disait que le tragique méditerranéen est dans la pleine lumière#ombres

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