Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

jeudi 18 novembre 2010

Carnets lointains, 33 (arborescence)


Je l'ai dit, il y a des blancs. Le récit ne suit pas la ligne du temps. Je ne suis d'ailleurs pas entièrement certaine que le temps soit linéaire. Il pourrait y avoir des boucles, des tresses, des enroulements dans le temps, que cela ne me surprendrait pas. Si on s'en tient à la linéarité du temps, on n'aboutit qu'à des résultats très peu intéressants (ils ne m'ont pas convaincue). Mais là n'est pas la question.
 
La temporalité, parfois, nous joue des tours.

Après, une fois que tout cela a été terminé, je crois que je titubais un peu, mais l'image s'est effacée, je suis ressortie, le temps que je descende, elle avait disparu, le bâtiment continuait de s'effondrer lentement, mais comme je n'étais plus à l'intérieur, il me semblait que c'était moins grave. Je les avais laissés, comme un cauchemar, dans cette salle. J'avais refermé la porte en prenant soin de ne pas la claquer (la structure du monde, ce jour-là, ne me paraissait pas très solide, j'ai pensé qu'il serait imprudent de manifester mon humeur de cette manière-là même si, sans doute, j'ai manqué de panache), et c'est à ce moment-là, précisément, qu'elle a disparu. 
 
Si je la revois encore, par moment, ce n'est que par la convocation des souvenirs. Elle ne s'interpose plus entre le monde et moi.

Une boucle (retournement) venait de se clore sur elle. Je me suis assise sous un arbre. Adossée ainsi à son tronc, je trouvais le monde plus fiable. C'était un arbre assez malingre, je ne sais pas du tout pour quelle raison je lui ai fait confiance. Il y avait, dans les entrelacs noueux de ses racines quelques fragments de coques, un ou deux mégots de cigarettes ; je me suis assise contre lui, dans l'herbe et la poussière. Je me suis installée entre deux arborescences de ses racines. L'air soudainement me parut léger. Il devait l'être tout à l'heure, mais ce n'était pas la même impression, alors. L'image avait disparu et il était possible de le respirer. Il redevenait possible, en le respirant, d'allumer une cigarette. Puis une autre. De regarder les passants, comme s'ils étaient à peu près dans le même monde.Toutes les différentes strates semblaient se réajuster.

Quelque chose se dessinait, comme une coïncidence retrouvée avec le monde.


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