Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

vendredi 2 avril 2010

Carnet Tokyoïte, liasse 17 (iridescences plastifiées)

Impression visuelle — le clignotement des objets. Des objets minuscules. De toutes couleurs. De toutes textures. Les surfaces sont lisses. Parfois elles ouvrent des écailles feintes. Analytique des couleurs. Il faut s’y tenir. Devant mes yeux, des rangées alignées, presque, parallèles, presque — du sol au plafond, des régularités de couleurs apparaissent. Des arc-en-ciel artificiels. Mats. Brillants. Ils suivent à peu près fidèlement la décomposition du spectre lumineux de l’infra-rouge à l’ultra-violet. Les chatoiements sont tous artificiels. Ils mènent à du factice. Ou l’artifice, peut-être, est chatoyant.


Suivent les strass. Les rangées de strass. Sous les lumières des néons. Indications des désirs. Devant lesquels les filles en minijupe passent plus de temps. Cliquetis visuel de la consommation. Elles ont les ongles peints de couleurs criardes. Elles réfléchissent. Lequel ? Légère anxiété du geste, quand elles soulèvent à peine les étiquettes des prix.


Vers lequel tendre une main ? Il faudrait faire un choix entre eux. Je ne sais absolument pas… reflets des objets, jusque dans les pupilles. Il est impossible d’arracher une miette de ce monde. Des myriades volent, diaboliquement colorisés… De près l’objet minuscule s’isole un instant dans la paume de ma main. Comme un papillon fragile. Je n’ai aucune raison d’en rien faire. La recréation du spectre se réitère peut-être jusque dans les yeux. Il se dessine une géométrie insinuante des séries, les yeux reflètent les iridescences hybrides et plastifiées … le spectre coloré explore le monde. Des irisations se répondent. S’appellent. Jusqu’à la contradiction. Dans une explosion de minuscules capsules de plastique.


Le cliquetis de la consommation me laisse muette. Les haut-parleurs diffusent dans l’espace géométrique, simplement strié de rangées alignées, de ce grand magasin, une chanson à la mode. Voix androgyne. Je n’imagine pas de visage. Les battements des paupières ne suffisent pas à clore le monde intérieur.

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