Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 14 octobre 2009

Abstraction au voyage, IX


 

Petite décomposition musicale… la journée s’est finie dans une débandade de possibles… tout se resserre autour d’une obsession (une obsession unique) : 19h28 ! forcer la main du destin pour avoir, en dépit de tout, le train de 19h28, quoi qu’il arrive, quoi qu’il en soit ! Même s’il n’est pas le dernier. Même s’il reste un autre possible pour le retour. Qu'importe ? Il faudra pour cela passer victorieusement les files ininterrompues de voitures sur l’autoroute, entrer dans la ville, sous la pluie de novembre, remonter en courant le boulevard désespérant (mais il signale l’abstraction à la ville… la possibilité du départ…), ignorer les pas, les passants entrecroisés à la porte de la ville, tissant l’art de la rencontre, du négoce, des affaires (pour moi mystérieux, sans attrait), et ouvrir droit devant l’échappée vers un ailleurs (qui n’est que le retour au point de départ, mais tout de même : un ailleurs).

Parfois, sur la droite, la présence de la mer irrémédiable et bleue… derrière les grues les bastingages les pontons, lignes barrées horizontales verticales qui se croisent s’entremêlent parfois s’annulent… griffures…  il y a cette ouverture béante sur un ailleurs intact… au-delà des hâchures des brisures de l’espace et du temps.

Remonter le boulevard traverser la gare courir encore même si… ne pas s’arrêter à la pluie jusqu’au cœur de la nuit, qu’importe ?, courir sans s'arrêter jamais de peur de ne pas se relever vers les grands wagons alignés, immobiles, encore, les remonter jusqu’à la combinaison parfaite des numéros de train, de voiture, de place …  dès lors qu’elle sera obtenue, elle permettra à l’instant même de cesser tout effort, de s'affaler à sa place, de sombrer dans l’oubli d’une liste d’iPod, de fermer les yeux à toute recomposition sociale et l’espace du voyage, d’ignorer tous les paysages —

Les morceaux défileront, sans pitié, (reprise — comme sur partition, à partir de là tout a déjà été vu) répéter interrompre laisser défiler fermer les yeux surtout fermer les yeux (impossible de dormir, mais la négation du monde, vous comprenez ? est à cette condition), à la condition très exacte de décomposer obstinément toute mosaïque en éclats insignifiants, de faire éclater l'unité du moi dans des éclats musicaux, recomposition des émotions, je n’en ai plus de miennes, tout me vient de la liste lecture, l’iPod me berce de ses rêves pré-enregistrés —

Je n’ai qu’à laisser défiler trois heures dix-huit  minutes.

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