Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

samedi 26 février 2011

L'∞, 38

Après quoi, la porte s'est ouverte, elle a un peu grincé, un courant d'air s'en est allé à travers les interstices de ce monde, et les uns et les autres sont sortis de la salle, emportant avec eux et leurs pensées et leurs affaires, rejoignant leur avenir, là où leurs pas les porteraient, ils se sont déversés dans le couloir, j'avoue que je me suis glissée dans le flot, il n'y avait rien d'autre à faire, sans gloire, pour n'être remarquée de rien ni de personne, aussi difficile soit-il de se fondre dans ce monde, mais on ne joue pas avec le destin dans de telles situations, on ne provoque pas les dieux dans des endroits pareils, soudain,

(ils ont sans doute attendu que je finisse une phrase, ma main sans doute avait écrit ce qu'on attendait d'elle, avait aligné sur la surface du tableau glauque et liquide, et prêt à rejoindre le fleuve des enfers dont il n'aurait jamais dû se détacher, les quelques signes qui composent The Plurality of Worlds de David Lewis, sans doute tout cela était-il fini, bel et bien pour autant que le flot de la pensée puisse se finir, puisse ne pas demander encore et encore d'autres éclaircissements, d'autres précisions infimes qui à elles seules feront tenir l'ensemble, je ne dis pas qu'ils n'ont pas attendu cet aboutissement, et que ce n'est pas seulement à ce moment là qu'ils se sont levés et que l'un d'entre eux a ouvert la porte par laquelle le flot s'est déversé dans le couloir rectiligne)




et nous nous sommes déversés dans le couloir, flot indéterminé, indifférencié soudain, dans notre départ, les portes coupe-feu qui ne ferment pas n'ont pas pu arrêter notre élan, elles n'en furent que le commencement, à partir d'elles il devenait clair que l'échappée pouvait commencer, tendue de toutes les chausses-trappes dans lesquelles il était encore possible de tomber, que nous avons évités, pour pouvoir dévaler les escaliers, d'une même certitude, aussi déséquilibrée que fût notre course, chute arrêtée, constamment, elle paraissait moins dangereuse, moins hasardeux que de choisir les ascenseurs qui ne sont rien d'autre que des pièges cauchemardesques, aux inscriptions obscènes et grimaçantes, aux rouages imprécis, on ne pourrait savoir avec certitude où ils nous emporteraient, dans quels Enfers ils nous feraient descendre, je crois que notre stratégie était la bonne.

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