Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

lundi 2 mai 2011

L'∞, 134

Redescendre. Enrouler la spirale, inversement, qu'on vient de dérouler. Comme on tente, sur la plage, de remettre ses pas dans les traces de ceux par lesquels, déjà, on a marqué notre passage sur le monde. Remonter le fil de ses souvenirs, le cours du temps, et redescendre. Redescendre de ce lieu improbable, minuscule, étrangement posé dans le vent. Car nous étions, non pas dans le monde, mais dans le vent, seulement dans le vent. Nous étions, improbablement posés, en suspens, dans le souffle du vent, immobiles, comme des oiseaux, dans un souffle de vent.

Toujours en tête Saint-John-Perse :c'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde

Redescendre repartir. Mais si le texte se referme, ce ne peut être en nous laissant intacts. Il nous faut d'autres rivages, des rivages autres, il nous faut d'autres courants, encore, pour reprendre la course, il nous faut des vents, dans lesquels nous laisser porter. Si le texte se referme et me laisse intact, si Ulysse s'éloigne dans le jour et que je suis inchangée, j'aurai tout perdu, perdu la partie. Redescendre repartir. L'escalier tournoie et nous sommes silencieux. Redescendre. Les pas sont plus rapides, le froid gagne.

Retraverser la langue de sable, dans le prolongement droit de la chaussée d'accès. Revenir. Recroiser les étoiles sporadiques, elles sont toujours là, flamboyantes, dispersées à même le sable gris et froid, elles attendent en se recroquevillant que la mer remonte et les déplisse, que les vagues les reprennent. La lumière rasante dessine plus fine, plus précisément les contours de ce monde, affine la perception que les rayons écrasants nous empêchèrent de voir. Des détails apparaissent, dans le tracé des lignes, que nous avons ignorés, et que nous avons à peine le temps de remarquer, en retour, à l'envers de notre venue.

Tournent dans ma tête, tourbillonnent sans relâche les mots de Saint-John-Perse c'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde. Ce lieu du monde lave nos pensées, emporte les poussières de ce que nous avons conçu, qui n'est plus, en notre cœur, palpitant, le vent les dépose au creux des vagues, dans les courants marins. Pluie de nos pensées qui retombent dans l'écume.

L'attente se joue dans les perpendiculaires au rivage. Au loin.

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