L'incertitude nous assaille, gerbe d'écume, éclaboussures, la structure mousseuse de l'incertitude résonne dans nos pensées, et traverse nos regards, l'incertitude rejaillit splendidement de nos doutes et de nos pensées, rebondit sur la structure résistante de l'attente, comme une lame dont l'essor, contrarié, ne se laisse pas briser. Incertitude splendide, qui se résout dans la conscience intime de la fragilité des choses.
— Ne restons pas là.
— Regarde : même les vagues se brisent.
— N'en déduis rien. On ne peut rien en conclure.
— Même si, moi aussi, je suis composée d'eau ? Composée aquatique, essentiellement aquatique et marin, les larmes que le vent m'arrache sont aussi salées que l'eau de mer, c'est la seule raison pour laquelle je les laisse couler.
— Il n'y a pas d'oppositions, pas de contradictions, tout est fluide.
— Mais elles se brisent. Regarde-les, elles se brisent, elles viennent de plus loin que l'horizon, je ne supporte pas qu'elles se brisent, j'aime qu'elles se retournent et repartent là d'où elles viennent.
— Annulation du mouvement, rien de plus . Avance. N'y reviens pas. Les vagues se brisent mais elles recommencent.
— Mais on ne peut rien déduire de rien, regarde, le monde est un mystère étalé devant nous, nous n'en saisissons rien, c'est ridicule, c'est complètement absurde, tu ne trouves pas ? Je ne comprends pas, absolument pas, ce que nous y faisons, et cela finit par me mettre en colère.
— Avance, ne fais que cela, rien que cela, avance. Les choses sont fluides et se font d'elles-mêmes. Arrête de tempêter.
— Il y a, sais-tu ?, un phénomène étrange qu'en philosophie, on appelle révision des croyances. Une nouvelle donnée t'oblige à réviser, un beau matin, tout l'ensemble de croyances dont tu pensais fermement disposer. Et alors, comme un chateau de cartes, tes croyances se redistribuent, elles commencent par donner, s'effondrer, effritement, quelque chose comme un chateau de sable quand la marée monte et qu'une vague, une première vague, le rend soudain profondément fragile, nouvelle donne, des croyances, des certitudes, des pensées assurées et confiantes dans leurs propres forces, il faut tout redistribuer, parfois c'est très difficile d'admettre à quel point tout est fragile comme un chateau de sable.
— Je préfère l'ajustement.
Ajustement. Des pas au chemin. Des gestes au monde. Des regards à ce qui s'offre. Ajustement. Essayons.
jeudi 12 mai 2011
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