Instance hystérique du rêve, fichée dans la conscience, inoubliable. À jamais inoubliable, il n'est pas possible d'en douter, même quand les jours nous auront usés, blanchis. Instance inoubliable du rêve, dont il faut espérer qu'elle détourne le désespoir silencieux et calme de courber nos échines, de nous courber jusqu'au sol, jusqu'à nous occulter l'horizon. Instances hystériques du rêve, résistance ténue tout autant que tenace aux vents du large, et aux assauts des houles. Instance vraie des rêves profondes.
J'entends encore, au creux de mon oreille, les vagues essayant leurs fureurs sur les parois creuses de ce coquillage ∞ dont la résistance calme me parlait à voix basse d'autre chose, comme si tout ce déferlement n'était rien.
Instance verticale et soudaine du rêve, fichée dans la conscience, elle oblige les possibles à se répandre dans le monde, sous couvert de pensée, elle trouve dans la matière opaque, des possibles que l'on n'attendait pas. Il faut bien que la pensée se déploie, à partir de ce point minuscule de sa résurgence, il faut bien, alors, qu'elle s'entrecroise aux limites, frontières, surfaces, obstacles, terminaisons du monde et les entrecroisant, qu'elle les outrepasse, les transgresse, les transforme. La transsubstantiation n'est rien de plus que le pouvoir de l'esprit, s'emparant des limites, les ouvrant, les déployant, déployant ses possibles là où, autrefois, il n'y avait rien que le resserrement et l'étouffement. Là où, autrefois, il n'y avait rien que les resserrements et les étouffements, le pouvoir de l'esprit, saisi de rêves ultramarins, va jusqu'aux métamorphoses les plus sourdes.
Veines des pierres froides, traces de froissements, frottements immenses qui les chauffèrent à blanc, en élevèrent la température jusqu'à la fusion la plus extrême, puis, calmement, les laissèrent refroidir silencieusement, revenir à elles, se resserrer sur elles jusqu'à n'être plus qu'elles. À présent, le caillou lisse et rond roule dans ma main, entre mes doigts, roule jusqu'à ce que je décide de le rendre aux vagues, dont, un instant auparavant, j'avais failli me détourner. Dont il est absurde et néfaste de se détourner. Ondulations ondoyantes de son retour à la mer.
Instance nette et droite du rêve, qui ne cédera pas, ne ploiera pas, sous le béton gris des villes, sous les horaires des trains, sous les strates de rendez-vous, de réunions, de conférences, de dérisoire, sous le bitume, et les trottoirs glissants, instance irisée du rêve, qui ne pâlira pas, au creux de la conscience. Et dont il est néfaste de se détourner.
Instance nette et droite du rêve qui, dans la conscience, provoque d'ondoyantes ondulations. À quoi je m'agrippe.
dimanche 8 mai 2011
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