Voix…
Lointaines.
Réminiscences…
Se souvenir du pourquoi. Du comment. De l’importance des images, des odeurs, des sons. Du peu qu’il me reste, enfance absorbée par une mémoire défaillante. Chute. Traumatisme crânien. 3 jours de Black-out.
Plus rien.
Puis rassembler, recoller ce qui se laisse approcher.
Pas grand chose, certes.
Quelques instants. Intenses.
Toute une vie finalement.
Les volants rouges et vaporeux d’une robe d’été virevoltant au dessus de ma tête. De longues jambes gainées de talons hauts dansant juste au centre.
L’odeur de chlore de la piscine municipale. Les cris aigus des autres enfants. Ces mains brutales me bousculant et me poussant dans l’eau. Ma peur alors que je coule. Je ne sais pas nager.
Le grand bol rempli de cacao et lait en poudre que me tendait ma grand-mère. Les grains moelleux fondant sur ma langue, cuillère après cuillère. Prendre son temps.
Le crissement affolé des pattes d’une sauterelle contre la boite d’allumette dans laquelle je l’ai enfermée. Ma curiosité.
Les éclairs déchirant la voie lactée, une nuit d’automne. Moi, échappée à pas feutrés de ma chambre, restant assise sur la balançoire des heures durant pour ne rien rater.
Le parfum du lilas dans le jardin. Celui, plus profond, de la figue. Aller cueillir le fruit à même l’arbre. Sève blanche collant aux doigts. Recommencer.
Le chant des enfants s’élevant dans la salle polyvalente pour ce jour de fête. Ma terrible détresse de ne pas avoir osé les rejoindre dans le chœur. Corps de plomb. Impossible de bouger. Deux mois que je répétais.
Le doux ronronnement du chat, tout contre moi. La nacre lisse de ses moustaches. Mon souffle chaud creusant son pelage.
Le fumet envoûtant de la tourte sortant du four, dans la queue du magasin. Ma main, figée dans celle de ma mère, espérant qu’elle me laissera porter le panier.
Un souffle chaud contre mes joues, mèches de cheveux chatouillant mes tempes. Éblouissement. Éclats ocres et jaunes. Scintillement délicieux. Je plisse les yeux. C’est l’été. Surtout ne pas bouger.
Rassembler, recoller ce qui se laisse approcher.
Quelques instants, à peine.
Mais d’une belle intensité.
Son : Isabelle Pariente-Butterlin que vous pouvez entendre ici
Texte, photo : Louise Imagine
« Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. » Vases Communicants
Vous pouvez retrouver ma participation sur le site de Louise Imagine...
N'hésitez pas à lire et relire les autres participations à ces vases communicants de juin 2011 :
Martine Sonnet et Urbain trop urbain
Anita Navarrete-Berbel et Brigitte Célérier
Céline Renoux et Christophe Sanchez
Franck Thomas et Guillaume Vissac
Cécile Portier et Pierre Ménard
Franck Queyraud et Loran Bart
Anne Savelli et François Bon
Carine Perals-Pujol et Joachim Séné
Maryse Hache et Laurence Skivée
Chez Jeanne et Xavier Fisselier
Le roi des éditeurs et Nicolas Ancion
Kouki Rossi et Jean Prod'hom
Michel Brosseau et Jacques Bon
Christine Jeanney et Christophe Grossi
Caroline Gérard et Juliette Mezenc
Ghislaine Balland et Dominique Hasselmann
Piero Cohen-Hadria et Conte de Suzanne
toute forte poésie de l'enfance qui remonte
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