Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

lundi 11 avril 2011

L'∞, 106

Disons, voilà, c'est une première métaphore possible. Il y en a sans doute d'autres, il y en a certainement d'autres. Délier les liens, dénouer les cordes, enlever les nœuds, tout ce qui empêche la vibration et la propagation de la vibration, couper les amarres, effacer les frontières, rompre ce qui retient, ce qui empêche, ce qui gêne le mouvement, ce qui arrête le trait, le tracé, celui-là même qui autrefois, et puis ne pas laisser défaire toutes les esquisses, les prolonger, les étendre comme soi-même on s'étend sur le sol, jusqu'à la voûte céleste.

C'est une première tentative, un mouvement, quelque chose comme le commencement d'un mouvement, peut-être seulement faudrait-il admettre que ce n'est rien d'autre que la forme possible de toutes les premières métaphores possibles, une première forme qui porterait en elle toutes les autres, rien de plus, rien de moins, presque rien, un peu de monnaie au fond d'une poche, du sable au fond d'un sac au retour de la plage, en été, qu'on retrouve un peu plus tard, quand le monde de nouveau bascule ; il est possible qu'il en faille d'autres, personne ne pourrait dire, à ce moment présent, qu'elle suffira, personne ne pourra planter ses yeux dans les miens et dire où elle conduira, encore moins jusqu'où elle mènera, il suffit pour le moment de la suivre, il est possible qu'elle ne suffise pas, on ne peut jurer de rien, mais cela, on le sait. Et puis il est possible aussi qu'elle se suffise.

Il en faudra peut-être d'autres. On ne peut pas exclure, sans avancer plus avant, qu'il en faille d'autres. Combien faudra-t-il de métaphores, pour enfoncer un coin du réel, pour faire vaciller tout l'édifice, et tracer son chemin à la surface du monde ? Comment le savoir ?

Je ne sais pas pourquoi je ne demande pas aux splendides constructions conceptuelles de la philosophie la plus froide de modifier le cours de nos existences. D'influer sur elles. De retracer leurs développements. De retailler leurs déploiements, de les rendre toujours plus sonores encore. Je ne sais pas pour quelle raison, et je n'en ai aucune à donner, d'elle, je n'attends pas cela. Ce n'est pas en ces termes que je rêve d'elle le jour durant, dans les bruits de klaxons de la ville et la clameur du monde, dans les courants d'air des gares. Elle est ailleurs. Dans un lieu très calme du monde. Et elle me suffit à elle-même.

On ne peut pas me demander de m'expliquer de tout alors que ce monde n'est que silence ou clameur. Je refuse. Mais si cette métaphore ne me conduit pas ailleurs dans le monde, je la renierai, elle et tout ce qui va avec.

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