Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 6 avril 2011

L'∞, 95

Soleil vent frais. Soleil. Dans mes yeux, l'éclat de lumière (fragment) renvoyé par une pièce métallique. Soleil. L'éclat parvient comme une flèche dans ma pupille qui miraculeusement en est indemne. Fragment de soleil au cœur de sa cible rétinienne.

Vent frais. - Tu as entendu ? Quelque chose est tombé. - C'est le vent. Ce n'est rien. Soleil. Vent frais. Il vient de faire tomber quelque chose à la surface du monde dont les fragments me parviennent en échos. Fragments en échos qui font vibrer l'air en vibrations au plus intime de moi, près de mon crâne. Le soleil brûle un peu. Le vent ouvre ma veste et s'insinue dans ma nuque. Je ne sais plus trop où on est, - tu sais où on est, toi ? - Évidemment. J'étais bien obligée de le croire : il avait l'air si sûr de lui.

Je ne sais plus trop où on est. Dans le sol de pierres scellées les unes aux autres, aux jointures précises, il y a ça et là d'étranges clous dorés, et par ailleurs, à intervalles réguliers, des accroches de métal, rouillées, énormes, si profondément attaquées par le sel, et la mer et le vent depuis si longtemps que leur structure est devenue friable, feuilletée comme, peut-être, la structure même de la réalité. Rien n'interdit de penser qu'elle soit feuilletée, parfois cela résoudrait bien des problèmes.

Soleil vent frais. - Avance, mais avance ! Qu'est-ce que tu fais ? - J'arrive ! Je viens ! Puisque tu ne me laisses jamais regarder... - Non. Les nuages dans le ciel dessinent des entrelacs que je ne déchiffre pas.

Je veux la mer. Il me faut la mer, tout de suite, maintenant, je n'en peux plus, j'ai trop attendu. Je veux, il me faut, tout se suite, je ne peux pas attendre, la morsure de la mer froide autour de mes jambes, il me faut ça, sa morsure, le froid, le sel, l'écume, tout ce qui m'assure que je suis en vie. - Tu n'en es pas ... ? - Comment le savoir ? Là, soudain, la morsure des vagues me manque tant que je ne peux pas attendre, je ne peux plus.

Il n'y a rien que j'aime autant que le vent dans mes cheveux, et la morsure de l'eau froide, et la brulure conjuguée du vent et du soleil, parce qu'alors l'infini paraît possible. La vibration en est là, et je préfère sa vibration aux battements de mon cœur. - Attends ! Mais attends moi ! Tu fuis comme si les Enfers venaient de s'ouvrir sous tes pas ! - Je n'entends rien ! Viens !

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