Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 13 avril 2011

L'∞, 109

- Jusqu'où ça marchera ?
- Qui pourrait le dire ?

Autant que tu le peux, articule clairement la sonorité de tes pas sur la surface du monde. Il est tout aussi important que tes pas, à chaque avancée, rendent un son clair que celui de tes pensées. C'est toujours l'un et l'autre problèmes, analogues l'un de l'autre, structure ∞e, le regard en miroir s'interroge lui-même ... Les pas se répondent sur la ligne mélodique de ton cheminement.

Hermès, soit nous propice.

Trouver le lieu naturel, lieu favorable à nous plonger dans notre part d'oubli. Quel il est, je n'en sais rien, je n'en ai pas idée, je ne demande rien, précisément, est-ce plus qu'une simple incantation ? Donne-nous d'être oublieux de nos blessures, même les plus infimes, donne-nous une part, aussi petite soit-elle, d'oubli, que les enregistrements incessants des bruissements du monde, que la numérisation constante de nos paroles, de nos souvenirs, un instant, parfois, cessent, et qu'il nous soit possible, un instant, un instant seulement, de reposer notre visage dans nos mains, dans cette pénombre immémorielle, et de le relever sans désormais plus de crispation dans nos regards que dans celui de l'enfance, donne-nous cela, soit nous propice, Hermès.

Crispations. Que le vent les emporte - au loin - au large. Que son souffle nous traverse et emporte mes souvenirs et mes espoirs. Un très grand vent doit pouvoir nous envelopper de cette légèreté. Un très grand vent doit pouvoir faire cela, et rendre nos pas autres, les replacer dans le sillage de ceux d'Hermès. Je ne penserai pas, pas maintenant, à ce continent de déchets, d'emballages, de fragments de notre consommation, qui se forme sans fin au loin dans l'Océan inaccessible. Je ne veux pas y penser. Laisse-moi aujourd'hui ne pas penser à la masse compacte de ces emballages, par la vengeance du vent agrégés, agglomérés, structures déchiquetées de notre monde, agrippées les unes aux autres.

J'aimerais seulement que la puissance du vent interfère férocement avec ces connexions électriques, et redistribue les possibles par un hasard impétueux. Est-ce trop demander ? Je ne veux pas sortir indemne de ce texte, je ne sortirai pas de ce texte tant que je serai indemne de lui. Je ne m'abriterai pas de ce vent tant que je n'en serai pas ivre. Et je ne veux pas penser pour le moment aux fragments au loin agrégés par sa puissance et qui nous recouvriront, qui nous prendront tous dans cette gangue vitrifiée et nocive.

Est-il possible que l'océan emporte mes pensées ? Qu'il les emporte au loin ? Est-il possible qu'il les roule dans les vagues et les imprègne de son écume ? Constellations. Le vent soulève des firmaments lithiques invisibles dans la lumière du soleil. Constellation constellante qui incruste nos regards et les détourne au loin.

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