Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

samedi 30 avril 2011

132.4.3

Affiner. Les modes d'être. La façon dont, à notre pas, nous avançons dans le monde. Traces, empreintes. Ce qui, de nous, n'est pas passé. Creux de nous sur le sol
au rythme de nos pas
l'un après l'autre
Et notre tête sur l'oreiller, pleine des images nocturnes de notre liberté, associations pures, passages des possibles purs sous nos paupières closes, arabesques de nos pensées que nous tentons, le jour durant, de rendre rectilignes, qu'au matin nous aurons oubliés, et notre tête dans l'oreiller dessine un creux très arrondi.

Mais ces pierres, aussi tendres soient-elles (je me souviens, au dessus d'une porte de ce visage rongé entièrement, à l'intérieur des lieux pourtant, souffrant de l'érosion et de la corrosion comme si le vent et les embruns, de face, de front, les attaquaient) gardent-elles, de nous, la mémoire ? Quelle forme d'existence aurons-nous quand nous serons redescendus de ce lieu minuscule, circulaire, en aplomb ? Je me souviens de mon ombre minuscule projetée trente mètres plus bas, à côté de celle d'Ulysse, aussi minuscules que nous ayons été ainsi projetés dans l'espace, nous étions très reconnaissables lui et moi, à des détails très précis, dessinés comme dans une eau-forte.

Nos présences glissaient sur la nacre interne de ce monde.

L'eau de l'océan, pleine de sable, imbibait nos pas, sur nous s'étaient accrochés des éclats de sable (nos pas en rendaient compte, au bruit très reconnaissables, de l'eau que nous emportions avec nous et que nous laissions peu à peu, sur chaque dalle de ce sol que nous foulions, nos pas devenus bruyants et glissants me donnaient envie de marcher pieds nus mais ce sol était froid et glissant, et mes pieds nus sur le sol auraient dessiné plus précisément ma présence).

Pourquoi
nos ombres projetées
aussi loin, aussi bas,
exerçaient-elles sur moi, sur lui, une telle attraction
qui aurait pu être une fascination,
dont nous tentions de faire en sorte
qu'elle
limite
la portée que sur nous nous lui accorderions ?

Je ne me confonds pas avec mon ombre. Je ne suis pas encore parmi les ombres. Et Ulysse a entendu les sirènes mais ne les a pas rejointes dans la mort.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire