Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

samedi 7 mai 2011

L'∞, 140

Crépitements des neurones.

Sans doute les conjonctions et les disjonctions auxquelles nous nous livrons dans le monde demandent-elles que nous coordonnions de subtiles connexions entre nos synapses fécondes. Il suffit dans ce jeu subtile d'un tant soit peu de chimie (mon cerveau est ∞ment sensible aux quelques chimies très légères que j'ai expérimentées, elles sont peu sulfureuses, il faut en convenir, et il s'avère cependant incapable de leur résister, de sorte que je m'en méfie profondément) pour bouleverser les équilibres les plus assurés, rompre, déplacer, détourner les connexions les mieux établies. Dire que la saveur que nous trouvons, ou que nous ne trouvons pas à notre vie, et tous les choix les plus intimes, et toutes les impressions les plus personnelles, dépendent d'un peu de chimie dans notre cerveau.

Et cette chimie délicate, mais très matérielle, assurément très matérielle, il n'y a pas à en douter, est condition de la transmission du mouvement, par elle, de la transmission des pensées, par elle, encore, de la métaphore des possibles qui se déploiera (ou pas) en nos pensées, et cela ne cesse de s'avancer, et de s'étendre, au delà de toutes les limites que nous croyions avoir posées, rencontrées, auxquelles nous pensions nous être heurtés.

Crépitements des synapses. Les jeux se font (ou ne se font pas). Les paroles se forment (ou ne se forment pas). Se disent (ou ne se disent pas). Les conjonctions (disjonctions) connaissent parfois des accélérations flamboyantes et glaçantes. Le jeu des synapses crépitantes se reproduit du bout des doigts sur le clavier qui retranscrit, sous nos yeux, le jeu crépitant des synapses, et demande en retour d'autres connexions, toujours plus de connexions neuronales, pour dessiner les pensées que nous venons de former. Nous modifions avec constance le monde que nous accusons d'inconstance, dans notre injustice obstinée et entêtante comme le parfum des lys, nous le sommons sans cesse de nos yeux implorants de répondre à des questions qu'un instant auparavant nous n'aurions pas seulement pensé à formuler, nos exigences et nos attentes, et nos tensions déploient un fin réseau sur le monde,

tandis que l'ombre d'Ulysse, à l'∞, s'étend et se noie dans la nuit.

Extension maximale de la tension, de toutes les tensions possibles (presque jusqu'à la rupture qu'on évitera malaisément) pour se prémunir contre toute solution de continuité entre son ombre et mon ombre. Cela ne pourrait advenir dans provoquer le bruit éprouvant du papier de soie qu'on déchire qu'on déchiquette.

Glissements des ombres qui, étendues sur nos pensées, les enveloppent d'elles. Et d'un peu de silence.

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