Les chiffres lumineux. J'ai choisi bleu turquoise. Il y avait rouge ou bleu turquoise, le logiciel m'a demandé mon avis, et j'ai écarté le rouge, il me rappelait d'autres horloges, d'autres temps, d'autres mondes, j'aurais eu l'impression d'avoir transporté dans mes nuits, d'autres moments qui ne reviennent pas. J'ai préféré le bleu, parce que j'aime bien ce mot, turquoise, je le retourne dans mon esprit comme un galet lisse entre mes mains. Turquoise. Un minuscule caillou ramassé un jour d'été dans une rivière, et le turquoise alors d'une libellule qui suivait les berges en hésitant dans des boucles incertaines, ma main avait traversé l'eau fraîche, et saisit ce minuscule éclat, et un instant l'univers avait semblé suspendu à cela, ma main dans l'eau tremblée, un caillou étrange et bleu, et le vol de l'insecte accomplissait ses courbes compliquées et entremêlées. La scène s'étend dans mon souvenir impressionniste (elle ne s'arrête pas, mais il n'y a pas de raison, ici, que j'en dise plus).
Alors va pour le turquoise.
Il s'affiche maintenant dans la pénombre de la pièce et diffuse, comme un poison calme, sa lueur. Les chiffres se composent et se recomposent sur le tracé maximal du huit, s'effondrent, se redressent, disparaissent par parties du huit, par convention ici construit de la superposition de deux carrés, et du carré inférieur, la frontière supérieure est également la frontière inférieure du carré supérieur. On récupère ainsi quelque chose de l'infinité du huit, on le renverse et il représente l'infini, on le redresse, on le retaille comme une pierre précieuse, et il devient cette articulation de traits lumineux qui permet tous les autres chiffres, qui contient en elle tous les autres chiffres.
De nouveau, l'∞.
Des effondrements se produisent. Le huit perd un côté, devient un neuf, le neuf se disloque, passe au zéro, un mouvement, aussi, se produit. On attend des recompositions plus profondes, qui se laissent prévoir, des métamorphoses temporelles plus violentes, mais elles se font infiniment lentement. Même la possibilité de jouer de la régularité des séquences se fait attendre immensément, et se diffuse dans le temps, on prévoit les récurrences, les répétitions, les suites de chiffres, les nombres symétriques, les symétries imparfaites nous font attendre les symétries parfaites, et qui nous indiquent seulement à quel point l'insomnie ronge. Les répétitions parfaites, les montées chromatiques n'apportent aucun apaisement, ne suspendent rien, et semblent plus sûrement renvoyer à l'immobilité du temps.
Et l'insomnie dévore la nuit.
j'ai l'impression d'être dans mes méditations en promenade quand je regarde le monde s'ouvrir et que je m'ouvre à lui , quelle beauté et quel éveil de la réalité surpuissante , de la vie et magique la pensée ,,,, l'écho continue et je le laisse m'emporter
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