Quelque chose comme un trou noir absorbe les bruits et les lumières, et les possibles et les lendemains. La possibilité de l'aube paraît infiniment éloignée, la nuit, impossible à traverser, et l'épaisseur de son opacité commence à engourdir les gestes.
La possibilité des rêves s'entrouvre.
Une image passe sous les paupières, je ne sais pas comment elles se forment, je voudrais chercher quelle causalité mystérieuse et complexe enserre leur apparition, et je comprends cependant qu'il est quelque part une genèse indépendante de ces images qu'elles apparaissent et se présentent sans se laisser prendre dans les filets de nos raisonnements… on peut serrer la maille autant qu'on veut, les mains fatiguées des pêcheurs, au soir tombant, reprenaient les mailles, das les images de nos souvenirs rêvés.
Il reste rien d'autre, sur le rivage, que des oiseaux englués dans une nappe de pétrole noir et gluant, et les flots paraissent étrangement calmes et lents, aux bords desquels ils se redressent, ils ouvriraient, s'ils le pouvaient, leurs ailes, étendraient l'envergure de leurs ailes, ils s'envoleraient dans le vent et la tempête, et rejoindraient des courbes immenses, et seulement ils rabattent leurs membres gluants, collés et noirs, qui ne s'articulent même plus précisément, et se confondent et se mêlent à la naphte noire qu'un bateau éventré, un peu plus loin, recrachera encore longtemps avant de sombrer, fracassé sur les rochers.
Le vent impossible les ravage.
C'est un mécanisme subtil. Je ne sais pas pourquoi mon cerveau produit des images aussi précises, détachées de leur contexte, et qui pourtant, dans le flux de l'existence, prennent une position aussi nette et parfaitement ajustée dans le flux de l'existence, elles apparaissent, se fixent un temps, au point qu'un temps il m'est impossible de penser à autre chose, elles se forment dans mon esprit, et pendant que je regarde les formes imprécises dans l'obscurité du salon, je vois aussi, très précisément, dans une projection intense du moment, ces oiseaux englués.
difficile de commenter tellement c'est beau , on se sent sur les bords du monde et de l'indicible , voulant dire la bouche s'apprête à formuler ce qu'elle ressent mais l'esprit entraine loin, même à esquisser, il n'est pas habitué, il laisse la pensée s'imprégner
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