IPod en vrac, liste de lecture emmêlée. L'ordre s'est perdu, la connivence aussi. Impossible de retrouver ce qui fonctionnerait dans ce moment. D'où il découle que tous les efforts pour surimposer à ces deux termes fragiles et complexes que sont l'ici et le maintenant, une musique au savant décalage (ainsi choisie, elle estomperait les angoisses, et permettrait de contourner les angles), restent vains. La musique intérieure (qui accompagne le jour) vient de s'effondrer sur elle-même. Tel un vulgaire objet du monde concret. Je fais le pari que de l'éboulement des choses naîtra quelque chose comme leur recomposition. De toutes façons, je n'ai pas d'autre solution.
Ce qui importe, à présent, c'est essentiellement de déterminer des points d'impact avec le monde : imaginons qu'une pierre heurte une vitre, ou un pare-brise. Hasard ou causalité intentionnelle, ce n'est pas ici un paramètre dont j'entends discuter. Le changement selon l'espace d'un objet est soudain arrêté par le verre transparent et lisse. Alors il se produit un phénomène étrange, très exactement lié à cette immobilisation brusque : l'impact étoile lentement l'ensemble de la vitre à partir de ce point de contact. Les bras stellaires se ramifient lentement, sans toutefois qu'il soit possible de nier ce fait (qu'ils se ramifient). Leur lenteur idiosyncrasique, dans l'amplification, ne va pas jusqu'à empêcher le regard de suivre le mouvement de leur extension, au fur et à mesure de sa diffusion, jusqu'à ce qu'un changement dans la matière (un cadre, par exemple) mette un terme à tout cela. D'ailleurs rien n'empêche, on en conviendra, d'imaginer la structure atomique qui se craquèle, de descendre à ce niveau élémentaire demeuré jusqu'alors en dehors de toute représentation et d'y constater que les liaisons entre les atomes cèdent. Les unes après les autres. Dans un silence qu'on ne saurait imaginer, si seulement on accepte d'y penser un instant, que comme un fracas assourdissant.
Alors, comme Kafka dans son Journal, écrire : une page par jour, quoi qu'il arrive, quelle que soit l'heure, quelles que soient les conditions, les circonstances de l'écriture, ce n'est pas cela qui importe au regard de la tâche qu'il y a à mener à bien. La seule chose qui ait du sens est : écrire. Et ainsi, s'il se peut, en écrivant, percer à jour les choses dans leur compossibilité. Il faut donc chercher un moyen de se retenir à des impressions telles qu'elles mettront un terme à ces éboulements constants : leur cause est à présent bien identifiée dans les déprédations de la rêverie. Puisque notre époque veut des confessions et des explications, je l'admets : je reconnais publiquement avoir abusé des rêveries. Comme un fumeur qui, une fois n'est pas coutume, sent qu'il a trop fumé, et préfère, quelques heures, l'air frais, prend son manteau et sort faire un tour le long du canal, dans la brume, exactement comme lui, je dois tenter de mettre entre parenthèse cette addiction aux rêves aussi longtemps qu'il sera possible de le faire.
Alors, comme Kafka dans son Journal, écrire : une page par jour, quoi qu'il arrive, quelle que soit l'heure, quelles que soient les conditions, les circonstances de l'écriture, ce n'est pas cela qui importe au regard de la tâche qu'il y a à mener à bien. La seule chose qui ait du sens est : écrire. Et ainsi, s'il se peut, en écrivant, percer à jour les choses dans leur compossibilité. Il faut donc chercher un moyen de se retenir à des impressions telles qu'elles mettront un terme à ces éboulements constants : leur cause est à présent bien identifiée dans les déprédations de la rêverie. Puisque notre époque veut des confessions et des explications, je l'admets : je reconnais publiquement avoir abusé des rêveries. Comme un fumeur qui, une fois n'est pas coutume, sent qu'il a trop fumé, et préfère, quelques heures, l'air frais, prend son manteau et sort faire un tour le long du canal, dans la brume, exactement comme lui, je dois tenter de mettre entre parenthèse cette addiction aux rêves aussi longtemps qu'il sera possible de le faire.
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