Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 26 janvier 2011

Manuel anti-onirique, LXII


Voilà très précisément désigné l'objet de la recherche.

Descendre plus loin encore dans le souvenir des phrases, enchâssées comme des grenats dans la conscience. Aller là où il faut, aussi profond qu'il sera nécessaire pour retrouver le moment où tout est parti en oblique, puis, à partir de là, reprendre les lignes de failles, tracer des parallèles et revenir, à contre-courant, contre la force de  l'oubli. Les souvenirs  restent vifs des écorchures sur la peau  de l'enfant qu'on a été ; le mur de pierres éraflait les mains à la hauteur des phalanges et laissait une brûlure intense et les larmes montaient aux yeux. 

Alors il devient possible, l'effort pour cela est aussi crissant que de la soie froissée, et les doigts sur la clavier sont étrangement crispés, mais cela reste possible, de tendre de toutes ses forces vers la transparence minéral que ces moments pouvaient avoir.  Du moins la possibilité s'en laisse-t-elle entrevoir fantomatiquement. Pur présent dans la version coupante et franche, d'une parfaite netteté, de la blessure infligée. Les phrases enchâsseront les souvenirs, puis elles s'enchâsseront les unes dans les autres, jusqu'à se constituer autour de ce manque qui palpite, là, au creux de ce qu'est devenu l'enfant qu'on a été, jusqu'à tisser des possibilités de plus en plus fines, de plus en plus tendues, fin réseau étendu sur le monde éparpillé.

Texture. Le velours dévoré de l'acide des rêves argentiques devient somptueux.

Il reste des caresses possibles (du vent sur la joue, du vent du soir dans les cheveux, de sa main qui sait ? sur la joue). Et même si le vent glacé porte en lui la froidure des neiges bleutées, transperce, transit, saisit les doigts, les engourdit, il demeure possible de respirer la nuit cassante comme de la glace trop fine. L'air ensuite qui sortira de la bouche sera tiède et vibrant comme une parole. Le velours, autour de la blessure, permettra que le sang coule dans l'écharpe dont le blanc fut cassé, autrefois, d'une nuance infime.

Échappatoire possible (elle se laisse désigner) : sortir de la gangue de silence, saturer le silence d'images et d'impressions, aussi fugitives soient-elles, entre les paupières et la pupille surimposer les souvenirs de ce qui fut, inlassablement, retracer les moments, même s'il est à présent impossible de démêler le vrai du faux.

Ce qui compte est (liste non exhaustive) le rythme diastole / systole.

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