Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

jeudi 6 janvier 2011

Manuel anti-onirique, XLIII



Dans un labyrinthe coloré, des éclaboussures immobiles de lumière explosent silencieusement. En suite de quoi, elles restent en suspens, mouvement arrêté, dans le rayon de soleil qui les traverse et les rabat sur le sol et en même temps les tient dans l'air chaud de l'après-midi d'été. Vibrations sonores du jaune, dans toutes les nuances possibles du paradoxe de Zénon, que personne n'aurait pu imaginer.



Le souvenir en flotte au loin, quelque part dans la conscience, dans des lieux très anciens où il est rare de descendre, soudain se recompose comme une minuscule possibilité de regarder le monde, sans que le lieu en soit donné, sans qu'aucune indication précise n'y rattache. Le souvenir flotte dans la conscience, et la lumière joue avec les couleurs. Ce bleu plus profond que le ciel.

Quelque rayon qui se fractionnerait en traversant les verres multicolores d'un vitrail. Puis éclaterait et retomberait en pluie sur le sol. Alors il éclaire de ses fragments les dalles anciennes, très anciennes, polies, et recouvertes, des pas et de ses souvenirs, et inconscient de tout cela, se diffracte, se répand, arc-en-ciel onirique devenu liquide, qui flotte dans l'air et s'écoule sur le sol, rejaillit et éclabousse quiconque s'en approcherait. Et cette nuance de bleu.

La peau se colore de ces éclaboussures, l'étoffe un peu plus bas les absorbe, au fur et à mesure que les mouvements se déploient dans l'espace, il suffit d'avancer de quelques pas, et la couleur remonte le long des jambes, descend dans le cou, les bras traversent librement des tremblements de lumière, de rouge éclatant, un violet calme, et les mouvements coulés et attentifs ne sont rien d'autre que des métamorphoses colorées.

Exercice de la couleur. Les commencements seront maladroits. Mais il suffit pour le moment d'éclaboussures, ce peut être un bon début (il n'a que le sérieux infini et troublant des jeux). Traverser des rayons de lumière colorée par le soleil qui les a empruntés à un vitrail, jouer des tâches et des dégringolades. Tout est là, en place dans ce lieu possible, avancer de quelques pas suffirait, et ne demande aucune précision, aucune construction, aucun calcul complexe dont il aurait fallu vérifier ligne à ligne les enchaînements pour éviter tout écart. Non. Les hasards des pas suffisent.

On cherchera simplement la coïncidence du mouvement et du regard, un instant, dans le même lieu multicolore du monde.



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