L'∞ est dans la dissonance.
Embouteillage sur le vieux port, des filles parlent fort, et déplacent des odeurs de parfum trop lourdes dans l'air du soir, deux touristes, l'un à côté de l'autre, se photographient, dos à la mer, mais l'image leur en parlera, et un homme fume, accroupi, triste comme un enfant dans un vers de Rimbaud, on porte sur soi un billet de TGV froissé dans la poche, retour 19h28, téléphone dans une autre poche, à moitié déchargé, les graduations baissent depuis le matin, départ de l'hôtel dans la nuit brumeuse, enchaînement des heures les unes aux autres depuis le matin, poids des sacs, des livres pas terminés, un stylo sans bouchon, qui fait une tâche, tout seul, au fond du sac, l'ordinateur à proximité d'une bouteille d'eau dessine une vague inquiétude, et le poids du jour, usure, fatigue, ce doit être la trois centième journée ainsi, sans exagération, l'écharpe s'enroule autour du cou, on prévoit de dormir dans l'obscurité dont elle entourera, en même que de chaleur, au retour, si on a un peu de chance, si on a deux places dans le TGV, il reste presque une heure douze avant de réaliser cette possibilité, alors par un sursaut, simple sursaut, presque mécanique, un coup de talon sur le soir qui tombe au lieu d'attendre à la gare, on descend dans les profondeurs de la ville et, deux stations de métro plus loin, on ressort dans un escalier mécanique qui dessine une parallèle à la mer.
L'∞ est dans la dissonance.
Il suffit, de cette parallèle à la mer, de se tourner, dans cette parallèle à la mer, pour entrouvrir les possibles. Impression photographique des possibles sur l'âme (elle n'existe pas) : c'est un crépuscule aussi peu spectaculaire qu'il est possible. Le bleu s'est voilé de gris. La mer clapote. Une à une les lumières allument un reflet sur la surface de l'eau. La possibilité d'Ulysse est inscrite dans ce moment. Retour sur la mer apaisée. Presque immobile. Et cette odeur de sel qui soutient ce possible, qui, quelques pas auparavant, dans les profondeurs grises du métro, était encore insensible.
Le rythme diastole systole est une pure mécanique, l'âme n'existe pas, il suffit de marcher, au soir tombant, sur le port, en compagnie de la possibilité d'Ulysse.
vendredi 11 février 2011
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