L'∞ est dans la discordance.
Avec quoi il n'est aucune transition. De la marche du port, pierre à peine usée, qu'on aurait attendu couverte de la teneur verte des algues, on glisse dans les flots ulysséens avec une facilité déconcertante. Discordance. Le cœur, un instant auparavant, étouffait dans le béton des couloirs du sixième étage, derrière les portes fermées d'où s'échappent des bribes de voix, plus ou moins portées, qui retombent sur le silence des feuilles. Écritures. Percevoir, dans le silence de la pensée, ou de l'absence à elle, la voix traverser l'espace de la salle puis retomber en écritures, peut-être en idées dans l'esprit, on ne sait.
Et la respiration étouffe derrière le béton usé.
Après quoi, il reste la possibilité de l'autoroute, des gravats, de l'espace défait, à la sortie et à l'entrée des villes, zones commerciales interchangeables, dont les lumières s'allument au crépuscule, toutes, et immeubles délaissés, qui furent autrefois solennels, aux façades desquels le linge bat, étirement de ces voies le long des embouteillages interminables. Ce monde défait s'arrête là, devant nos pas, sur le port. Coupure. Comme le lieu d'une plaie refermée. Le rebord est géométrique mais sa géométrie n'empêche pas la douceur du rebord. Lieu absurde de l'union des contraires. La pierre est lisse et humide, et la douceur de la main s'y complairait s'il était possible de la caresser. La rupture aussi brisée qu'elle soit, réconcilie les adverses. Le monde poussiéreux se rompt d'un coup aux bords de la mer ulysséenne.
Et l'ampleur ∞e du monde se déplie d'un coup dans l'âme. Pétales froissés des espoirs. Soie froissée d'une robe au fond du sac, celle qu'on n'a pas sortie, et qui se roule dans un coin minuscule des refus étouffés. Soudain, dans le phénomène étrange d'une immobilité violente, l'âme aspire la possibilité de l'∞. D'un groupe d'enfants, l'un d'eux s'approche autant qu'il est possible de la mer ulysséenne.
Pourquoi se bercer de ces mots suffit-il à effacer toute terreur du monde ? La mer ulysséenne…
samedi 12 février 2011
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Votre écriture nous fait avancer du même pas que vous vers le rebord. Le rebord , pour border le monde, donner son arrêt(e) à l'infini. De quoi se border sinon de mots? M'évoque la fascination de l'enfance littorale qui s'apprêtait à aborder le monde .
RépondreSupprimerallerarome