Spinoza peut bien en dire ce qu'il en voulait, c'est pourtant cela qu'il nous faut, si nous voulons seulement continuer à respirer, il n'y a pas le choix, sans quoi nous n'y arriverons pas, soulever un pan du réel, et chercher la trace de ce qui en lui, est ∞, et le déposer dans les mots, puisque le langage, assurément, est ∞, puisque ses recompositions, assurément, sont ∞ et que donc, en lui, il est possible de respirer. comme cela n'est pas possible dans le monde. Même si le vent vient du large…. Combinatoire ∞, les mots se recomposent, se redistribuent, se tendent d'une idée à l'autre comme une corde de violon, et le son monte, d'eux, mis ensemble, et alors, seulement, il est possible de respirer (aux bords du monde).
Mais le vent vient du large…
… soulève des pans du monde, soulève les vagues, et l'écume et les rouleaux, et il suffit de se mettre face à lui, plein vent, plein soleil, pour qu'il prenne les cheveux, e pan des écharpes, toutes étoffes, le lourd manteau, même se soulève, et il vient, au delà de toute restriction impossible à lui imposer, de l'∞ qu'il habite. Plein vent, plein soleil. Le froid est vif. Les vagues déferlent. Parfois, il traverse la mer bleue dans laquelle Icare est tombé, celle-là même dans laquelle Icare s'est perdu, plein soleil, bleu de peintre, inchangé depuis qu'on la regarde, et tous ils l'ont regardée, et tous, ils y ont égaré au loin leurs regards, et dans ce bleu immense et parfait, il porte avec lui, jusque dans nos contrées, la poussière rouge du désert, fine, impalpable, colorée…
Alors il est possible de sentir le souffle de l'∞.
Traces de lui, sur les rebords du monde. Le doigt qu'on passe, et qu'on retourne, sur le mur de pierres, sur le rebord de la fenêtre, le capot de la voiture, n'importe où, écrit la lettre de notre attente, le doigt dessine une trace de sa pulpe fragile, et dit un mot de notre quête dans les confins des possibles. Caresse du vent sur les rêves, quand bien même il violenterait la matière, malmènerait les confins. Le doigt alors, par la grâce de la poussière ocre, écrit un signe minuscule sur la surface du monde. Idéogramme secret de nos rêves que personne ne déchiffrera. Le mot secret et tacite que nous tournons en notre esprit.
Et quand nous retournons la main, il y a, sur le bout de nos doigts, l'encre sèche de nos possibles.
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