Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

vendredi 29 avril 2011

132.4.1

Il y a eu un temps, très éphémère, où nous avons joué, et puis, sans que rien ne soit remarquable, est venu un temps où nous avons oublié de le faire. À peu près complètement. Nos mouvements se sont empesés, ralentis, comme si nous étions pris dans un béton très collant qui, peu à peu, prenait. Mais que prend-il ? Il prend, le ciment prend, le béton prend, la colle aussi. Ils prennent. Que nous prennent-ils ? Il doit bien y avoir quelque chose qu'ils nous prennent pour que nous employions ce vocable, sans complément, sans rien, pour que la phrase entre nos lèvres ne puisse pas s'accomplir. Ils prennent donc notre souffle ? C'est donc à couper le souffle.

Pourtant, je ne comprends pas, nous ne construisons que des châteaux de sable, très fragiles et très éphémères, eux aussi, qui nous allaient si bien.

A présent, voilà que les liaisons atomiques se hérissent, immobilisent le présent, percent de toutes leurs forces, et il faudrait penser que nous n'y pouvons rien, que nous nous résignons ? On a toujours tort de se résigner. Voilà que les liaisons atomiques autrefois souples n'ont plus aucune souplesse. Sans doute en est-il ainsi, lentement, des articulations cachées au plus profond du corps, dans le silence de la vie biologique. Autrefois souples, elles ont sans doute insensiblement commencé à perdre leur souplesse. Lentement. Subrepticement. Dans le silence de ce qui s'accomplit. Ça prend. Le monde prend. Nous aussi. La prise est solide. Immobilise.

L'éphémère, pourtant, nous allait si bien.

Les châteaux construits s'effondraient s'écroulaient et à l'époque nous éclations de rire sans même couvrir le bruit des vagues. L'éphémère nous allait bien. Toujours il nous entoure. Je ne comprends pas : il n'y a d'éternel que l'éphémère. Il s'effondrait et nous en riions. Notre seule et unique éternité devrait être la légèreté de l'éphémère et du mouvement, qui dénoue les paradoxes. Lieu naturel de ce que nous sommes, qui s'éloigne dans le passé éternel.

La mer monte et bientôt elle nous entourera.

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