Alors est venu un moment où j'ai cessé de lutter. J'ai pressé le pas, je me suis rapprochée de la possibilité d'Ulysse, je me suis effacée dans la possibilité et j'ai aboli toutes les questions. Il ne restait plus, dans le rythme du jour, que nos pas, nos seuls pas, en spirale ∞e et ataraxique au point d'en pouvoir sembler absurde.
Absurde, ce lieu l'était, assurément, recélant en son sein les initiales obsolètes devenues insignifiantes de ce roi défunt que le monde avait oublié, sauf sur un guide touristique traduit en Américain. Les initiales de ce roi silencieux et de la reine qu'il n'aima pas s'entrecroisaient pour une éternité à échelle raisonnable, sur les parois de la chambre du couple royal, une étiquette rongée d'humidité me l'indiqua, qu'il n'occupa évidemment jamais, chambre vide, dont la seule éternité fut d'être inutilement vaine.
Abandon de soi. Qui commence par la négative. Abandon du soi coquille vide qui ne me protège plus. Je la laisse là. Elle tombe, minuscule, de ma main et j'entends en échos ∞s, sa chute qui, sur les marches, ne cessera plus jamais de rebondir. La coquille est fragile, fragilisée de son usure déjà bien commencée et dès lors ne cessera plus un instant de s'émietter de se briser de se fragmenter dans la chute. Moi inutile. Qui se brise.
Ulysse m'en a indiqué la possibilité. Je ne lutte plus et m'estime satisfaite, dans la pénombre de sa possibilité, de suivre la spirale de nos pensées enroulées, déroulées avant qu'elles ne se brisent comme des vagues lointaines. Encore. Un pas et puis un autre. Une marche et puis une autre. Ascension régulière, indifférente à tout autre chose qu'elle-même. Recommencer continuellement l'ascension, cette marche est la première de l'oubli de moi que je mènerai à son terme dans la possibilité nouvelle et ulysséenne, que moi seule je connais.
Abandon des rites et des rythmes. Reste l'indifférence devant ces initiales inutiles et entremêlées qui n'épuisent pas l'alphabet. Ne se saisissent de rien. S'oublient sans s'effacer. Je tracerai autre chose sur le monde, me loverai dans un possible unique et tonitruant.
Ce mouvement-là appelle sa propre suite. Comme un aimant.
samedi 23 avril 2011
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