Rien, absolument rien, n'empêche d'imaginer des variantes. Autant qu'on voudra. Pour le moment, je ne parviens toujours pas à en fixer les limites. Dialogues. Et ses variantes. La seule constance est celle de cette instabilité des réponses.
Sauf avec toi. Pour le moment tu traces à la craie, que je t'ai apportée (et que précautionneusement ta main a saisie) le trajet complexe que toi seule connais et qui mène parfaitement de la Terre qu'on abandonne, par convention, jusqu'au Ciel enfin atteignable, enfin accessible par la seule magie de tes jeux, bien qu'à la limite de nos rêves. Aller et retour. De la Terre au Ciel et du Ciel à la Terre, le retour semblant être la condition pour avoir le droit de recommencer à rechercher le Ciel. Toujours un peu plus loin, toujours un peu plus haut. Aller retour.
- Tu recommences ?
Là, à ce moment précis, le dialogue dérape. Je n'en maitrise pas totalement les règles. Tu exiges calmement que je joue avec toi. Mais avec une obstination qui ne me laisse pas beaucoup de marge. C'est pourtant là que je me sens le mieux, dans les marges. Mais je ne suis pas aussi déterminée que toi. Il me suffit souvent d'un pas de côté et je me sens mieux. Je sens que ton exigence est sans appel et je n'essaie même pas de t'en détourner. Comme tu ne sais pas lancer le caillou lisse de case en case, de plus en plus haut vers le Ciel, je tente ma chance et te propose un partage des tâches, chacun sa part du destin :
- Et si, moi, je lançais le caillou, et toi tu sautais ? Lancer la caillou, je sais bien le faire, et toi tu es très forte pour aller jusqu'au Ciel sans te tromper ?
J'ai remarqué depuis longtemps déjà que pour entrer dans tes jeux, il fallait dans le présent, parler de l'avenir à l'imparfait. Dans les négociations subtiles que tu mènes inexorablement à leur but, tu parles à l'imparfait. Je me demande pourquoi. Sauf quand je t'écoute et que j'ai l'impression que tu me racontes un conte. Tu racontes tes jeux comme tu raconterais des contes. Il suffit de les entendre. Alors évidemment, les dialogues avec toi sont un peu différents, et les lois qui les régissent me conviennent mieux.
- D'accord.
Tu me regardais d'un air sérieux, et j'ai bien compris que tu t'abstenais de me préciser toutes les remarques qui te venaient à l'esprit, à ce moment-là, sur mes improbables gestes d'adulte. Mais je t'en sus simplement gré. Toi aussi, comme Ulysse, tu as le droit de passer le cercle de craie qui entoure la conscience. C'est plutôt moi qui demande à entrer dans les constructions fragiles de tes rêves.
vendredi 15 avril 2011
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