Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

vendredi 29 avril 2011

132.4.2

- C'était quoi, ce bruit ?
- Quel bruit ? J'entends rien.
- Chut ! Écoute... Là ! Tu entends ?
- Non ...
- Mais si ! Écoute.
- Attends, oui, oui, j'y suis.

Quelque chose, au loin, cliquetait. Cliquetait dans les escaliers. Descendait. Dégringolait.

- Là ! Tu entends maintenant ?
- Oui, là oui.
- C'est quoi ?

Si les choses commençaient à partir en morceaux, à dégringoler de leur asile dans le vent pour retourner sur le sol de marbre carrelé, alterné, noir blanc, blanc noir, noir blanc, blanc noir, comme la psalmodie par un élève ennuyé des rimes embrassées, je ne donnais pas cher de nous. Mais Ulysse ne semblait pas s'émouvoir. Il cherchait une raison dans le monde à ce tintement régulier.

- Regarde.
- Quoi ?
- Ça vient de tes poches.
- Quoi ?

Je regardais la déchirure qui, en effet, zébrait l'une d'elle, bien que la découverte d'Ulysse m'ait laissée, au départ, très sceptique. Les fils effilochés se séparaient les uns des autres, formaient une frange pitoyable, et trahissaient au moins toute la confiance que j'y avais mise, autrefois, il y a bien longtemps de cela, aux temps anciens. Son contenu métallique et sonore n'avait pas demandé son reste, et s'en était échappé et voilà qu'à présent, sans marquer la moindre hésitation, il continuait sa course dans les escaliers. Me délestant de tout le poids du monde. Me délestant de tout le poids de la matérialité. Qui à présent dégringolait fuyait s'échappait m'échappait.

Aurais-je pu prononcer en mon for intérieur prière plus muette que celle qui peu à peu se disait là, sans que j'y sois pour rien ?

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