- Je veux dire : si je ne sais pas où je vais, ça change quelque chose ?
- En fait, non.
Si tu sais où tu veux aller, je prends un exemple, parce que ce n'est pas très clair dans mon esprit, c'est un peu hésitant, tu veux aller en x, disons à Ithaque, tu veux aller à Ithaque, tu ne sais pas si tu y vas, avance, avance autant que tu peux, autant que tu veux, tu ne peux pas savoir si, allant à Ithaque, tu vas à Ithaque. Ou si, allant à Ithaque, tu n'y vas pas. C'est impossible.
D'un possible ou de l'autre, l'un se réalisera. Un seul. L'un ou l'autre. Ou tu iras à Ithaque, ou tu n'iras pas. Ou tu retrouveras tes pas, la trace de tes pas, la trace que tes pas autrefois ont laissée, tu remettras tes pas dans la trace de tes pas, ton aujourd'hui se coulera dans les traces d'autrefois, aujourd'hui et autrefois se retraceront s'enlaceront, s'enrouleront l'un à l'autre comme un lierre vivace et puissant à un lierre puissant et vigoureux, l'un à l'autre enlacés.
D'un possible, l'autre deviendra impossible. Seul l'un d'eux adviendra. Qu'adviendra-t-il de moi ? De moi qu'adviendra-t-il ? Tu vas repartir vers Ithaque, et je vais repartir vers x, il faut bien que nos possibles se démêlent l'un de l'autre, se déprennent l'un de l'autre, tu ne crois pas ?
- Donne-moi ta main.
- Pourquoi ?
- Parce que tu vas lentement !
- Et alors ?
- Et alors, j'ai hâte, moi, de retrouver la mer et de sentir sur mes lèvres le goût de sel qu'elle y dépose.
Et tous deux se mirent à courir et à rire en dévalant vers la mer.
mardi 5 avril 2011
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