Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mardi 26 avril 2011

132.1

Toutes les formes possibles de l'échec auraient pu être aussi circulaires et aussi parfaitement closes sur elles-mêmes que le minuscule espace ouvert sur l'∞ auquel nous sommes arrivés alors, au sommet de cet escalier qui, tout en n'en finissant plus, en finissait tout de même, à un moment donné, finit par en finir, à un moment où je ne l'espérais plus, où j'avais fini par n'attendre plus rien, où même, j'avais accepté de ne plus rien en attendre.

La minuscule circonférence d'un cercle, ouverte dans la coquille de cet impérieux coquillage, inutile presque et presque abandonné, était à une hauteur vertigineuse. Nous y eûmes accès par une ouverture qui laissait à peine passer les épaules d'Ulysse (les miennes s'y effacèrent sans difficulté aucune, comme si je n'avais pas existé, c'est du moins l'impression que j'eus à voir l'angle singulier que dût accepter de prendre Ulysse et la simplicité de mon passage et je ne pus m'empêcher d'entendre sonner cette phrase dans mon esprit :

- Comme si je n'existais pas.).

Ulysse disparut sur ma gauche, presque immédiatement, et remonta cet espace dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, et sans que je sus pourquoi, le sens inverse des aiguilles d'une montre paraissait le seul qui convint ici, qu'il adopta sans aucue hésitation tant il savait, dans toutes les situations du monde, trouver le passage qui convenait. Le sens du temps et de son passage, à cet endroit-là du monde, aurait paru absurde. Je disparus à sa suite et la porte derrière moi claqua sous la violence du vent.

Il paraissait tout aussi absurde de partir que de rester.

Faire le tour de cet espace ne devait pas prendre plus d'une ou deux minutes. Une, sans doute. Bien que je choisisse cette approximation sans aucune certitude, tant, à cet instant, le temps avait fini de se dissoudre dans l'air marin. Mais il fallait se retenir d'accepter sans réserve cette corrosion, quelle que soit la force de la tentation qu'elle était capable d'exercer, et qu'elle ne se privait pas d'exercer. Car le temps devait bien continuer d'exister, et sans doute d'attaquer nos existences, mais il était difficile de le mesurer à une aune qui ne fût pas celle de l'océan tout entier et du déferlement des vagues. De sorte qu'il devenait difficile de lui accorder la moindre attention.

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