Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 2 mars 2011

L'∞, 44

Distorsion. Le temps et l'espace, sans doute, n'y résisteront pas. Il est très peu crédible que nous en sortions indemnes, dans le même déroulement du temps et que cette résistante élastique des cauchemars ne nous reviennent pas, aussi violemment que nous essayons de les éloigner. La journée est passée dans des étirements délirants de ces escaliers, dans lesquels les paroles résonnent et prennent des significations incompréhensibles, auxquelles il ne faut pas céder. Ne te détourne pas, même si tu entends ton nom, appelé dans ces espaces sonores. À croire que l'échappée est imprévisible, que nous ne pouvons être assurés de rien, que notre sort est très improbable… Polyphème nous regarde-t-il de son œil que nous n'avons pas percé, dans notre précipitation, dans notre impréparation ? Comment avons-nous oublié de le faire ?



Où est Ulysse, et comment, sans son aide, aurions-nous l'espoir de gagner le dehors ?



Notre fuite est lente, et ralentie, comme si nos mouvements, par la force irrésistible de quelque philtre magique que nous aurions respiré dans la poussière de craie, étaient arrêtés dans l'élan, et alors que nous avons commencé à descendre ces escaliers dans la lumière du matin, nous ne parviendrons en bas qu'au soir tombé, après que les dernières lueurs du crépuscule se seront éteintes, in-flamboyantes. Dans la nuit profonde, tout nous échappera. Où est Ulysse, et sa possibilité assurée et rassurante ? Il est possible que, dans notre malheur, nous soyons seuls, dans cet escalier ∞, et que rien ne se passe, que rien ne s'y poursuive, qu'il n'y ait, pour nous y poursuivre, que nos propres ombres, que nos seules ombres, et nos propres angoisses, déformées et déformantes.

Il est possible que notre monde soit vide et fini.


Il est possible, je le crains, que le béton qui nous enserre soit la seule possibilité grise et indifférente de notre monde. Que nos cauchemars ne soient que nos ombres, projetées sur les parois indifférentes, que nul Cyclope ne nous regarde, dans notre fuite absurde, de son œil unique, fixé sur nous, que nous avons omis de percer … Mais alors où est Ulysse et sa possibilité ?

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