Circé, sorcière ensorcelante qui t'as retenu auprès d'elle aussi longtemps qu'elle a su… Moi, ça m'est bien égal, personnellement, de ne pas la rencontrer, de ne pas la voir, que tu n'en parles pas. Ne t'imagine pas que je vais te poser la moindre question, tu serais trop content. Je peux les imaginer facilement, les miasmes hallucinatoires de ses sortilèges, et tutti quanti, je m'en passe. J'entends autour d'elle un silence assourdissant, je sais, avec toute certitude, qu'il oblige à se courber jusqu'à terre, pour chercher, en avançant au ras du sol, un peu d'air à respirer, du moins un air qui ne produise pas, dans l'esprit effondré sur lui-même, des hallucinations féroces. Égal aussi que tu ne m'en parles pas.
Pour ce qui est des miasmes, c'est bon, on connaît, on a la pollution, le subtile mélange qu'elle parvient à faire, avec le printemps, les pollens, les poussières, les poussières sans doute radioactives, n'oublie pas, qui plus est venues de si loin, de là où je tends depuis que j'en suis partie (tiens, j'y pense, ce doit être cela mon Ithaque, je ne m'en suis même pas rendu compte), alors les maléfices de Circé, je m'en passe, tu peux rester silencieux, tu peux n'en rien dire, regarder, au loin, la mer, je ne sais pas à qui tu penses, les Sirènes, Circé, va, à mon avis, à mon humble avis, mon cher Ulysse, j'en connais autant que toi, des maléfices, et même plus.
Je vais te dire, je pense même que notre monde est expert en maléfices, qu'il a atteint le sommet de la production maléfique, et que Circé, la pauvre, ne connaissait rien à tout cela. Les matières les plus nauséabondes, les plus à même de nous pourrir, sont entrées en nous, dans tout ce que nous inspirons, avalons, déglutissons, alors Circé… notre monde se délite de miasmes, de poussières, fait entrer, dans nos poumons, des particules ∞ment subtiles, ∞ment dangereuses, alors Circé, comparée à n'importe quel réacteur, elle ne tient pas la comparaison…
Enfin, je n'en suis pas tout à fait sûre.
Peut-être, il est possible que je me trompe. Je ne suis plus sûre de rien. Il me semble que tu regardes au loin la ligne immatérielle sur laquelle, quand personne n'intervient abruptement dans mes pensées, je déplace tout signe de ce monde, toute manifestation de mon être, toute exhalaison de mon souffle.
— Je pense que tu as raison.
— Je n'ai rien dit.
dimanche 27 mars 2011
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