Attends-moi, Ulysse. Tu vas trop vite, tu vois bien ! Je fais ce que je peux. Je fais tout ce que je peux. Plus peut-être. J'essaie de te suivre. J'ai mon sac sur l'épaule, il pèse et ralentit ma marche, tu vois bien, je n'y peux rien ! On dirait que tu le fais exprès de disparaitre ainsi au détour d'une ruelle. Le jeu est un peu cruel, tu ne trouves pas ?
Tu as disparu ! Pourtant j'entends ton pas, je continue d'entendre ton pas, il résonne dans les ruelles de la vieille ville, sur les pavés, elles sont tellement complexes, tellement emmêlées, tellement entremêlées que le son ne me suffira pas pour te retrouver, on peut toujours se tromper de parallèle, prendre un escalier qui ne sert à rien, et débouche dans une cour fermée, pourtant j'ai l'oreille fine, je reconnais sans me tromper des pas entre tous, je reconnaitrais tes pas entre tous, il y a un rythme qui signe une personne, il y a un déroulé de la marche que je reconnais entre tous, j'ai en tête tout un répertoire de pas dont la mélodie rythmée me parle, sans qu'il le sache, de celui qui les dépose un à un sur le sol, sans même y prendre garde. Je suis sûre de moi, j'ai l'oreille fine. Alors comment se fait-il que tu aies disparu ? Comment ai-je pu te laisser disparaitre ? Et comment ferais-je maintenant pour te retrouver ?
Tu te joues de moi dans ce labyrinthe de la vieille ville.
Nous sommes déjà passés par là ! Regarde : nous y sommes si souvent passés, toi et moi, que les pierres en sont usées. Tu n'as même pas pris garde à cela : à force de passer ici et là, tu as ébréché les marches de l'escalier ; ta main trop souvent a pris appui ici pour que mes regards aiguisés de l'attente de toi ne le voient pas. Ulysse, arrête ! Ce n'est pas drôle ! La mer est loin, je ne sais pas la trouver seule ! Comment la trouverais-je ? Je n'y connais rien, moi, je voulais bien te suivre, je voulais bien te faire confiance, mais ton jeu n'est pas drôle, ça ne m'amuse pas, tu ne comprends pas ?
Ulysse... Laisse-moi la possibilité de toi...
Ça m'est égal. Je te trouverai. Ne ris pas. Si seulement tu te moques de moi dans la nuit escarpée, je te trouverai, au bruit que feront vers moi les éclats de ton rire ; cela suffira, tu verras, pour me guider dans la nuit escarpée. Je te retrouverai, tu seras bien surpris quand je réapparaîtrait devant toi ! Ne me sous-estime pas : quelle certitude as-tu donc qu'il ne m'est pas possible de ruser ? Tu n'en sais rien, au fond, absolument rien.
Si tu m'attends, je te raconterai mes ruses ulysséennes....
mercredi 16 mars 2011
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