Vertige. S'en tenir à ces lignes imaginaires, à ces circonvolutions nacrées. Ne pas dévier. Ne pas regarder ailleurs. Ne te retourne pas sur la masse noire, immense, du bâtiment, qui aligne des parallèles et des perpendiculaires sans esprit. Ne te retourne pas. Contourne-le en suivant les indications fidèles de ces constellations imaginaires. À qui se fier, sinon à soi ? Entre les mains de qui remettre son âme, dans les prémices de la nuit glacée, sinon entre les siennes, tant que le soi, suivant les étoiles imaginaires, ne se détourne pas pour revenir en arrière, sur ses pas, et accepte de s'enfoncer dans la nuit ?
L'imagination n'est pas linéaire, je ne sais pas comment elle se déploie, mais il est sûr, c'est établi, qu'elle se déploie par variations, nous allons certainement emprunter quelques détours avant de parvenir à bon port, il ne faut pas s'attendre à emprunter le trajet le plus court (et tout reste à inventer, sans cesse, c'est lassant mais c'est ainsi, tout est à inventer, y compris le bon port, idée vague qui flotte dans la brume du soir, et ne se matérialise pas vraiment, à croire qu'il n'existe pas, il est clair, donc, même dans la nuit d'obsidienne, qu'il faudra aussi tracer sur le sol érodé les méandres du cheminement qui peut-être nous y conduirait, s'il existait).
Extensions arachnéennes. Est-ce le chemin, et lui seul, rien d'autre que le chemin, que nous traçons dans la nuit d'obsidienne, de nos pas que la fatigue fait hésiter, qui fera exister ce que nous n'osons plus espérer : un endroit pour nous y déposer notre sac trop lourd et notre âme trop pesante, et pour nous y coucher dans l'oubli ∞ comme le ressac ?
Puisse-t-il venir, l'oubli, ∞ comme le ressac. Seulement cela. C'est peu demander (à moins que, dans la nuit d'obsidienne, ce ne soit une prière hérétique et insensée). Qu'il nous berce de ses vagues calmes. Seulement cela. Puisse-t-il bercer nos fatigues, nos espoirs amoindris, nos pas fatigués, de l'oubli ∞ comme le ressac. Il n'y a rien d'autre à attendre, rien d'autre à espérer, absolument rien, le désespoir est calme et plat, comme la mer au lendemain des tempêtes. Extension de l'oubli dans les recoins de la mémoire.
Puisse-t-il venir, l'oubli, ∞ comme le ressac.
samedi 5 mars 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire