Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

vendredi 18 mars 2011

L'∞, 66

L'endormissement, comme un ruban de Mœbius, ∞ comme un ruban de Mœbius, nous le suivons du doigt dans une rêverie sensible, jusque dans les délinéaments les plus contradictoires du sommeil, résolution des contraires, dans les écueils du rêve, se tranche abruptement au réveil. D'un coup sec. Retour brusque de la conscience aux limitations du monde. Il suffit que les déploiements oniriques cessent, un bref instant, pour que le monde, de nouveau, nous parle des limites de nos possibles. Sitôt potron-minet, le monde s'en retourne à sa finitude désolante.

Structure du monde au réveil. Les objets reprennent place. Reprennent forme. À travers la fente presque fermée des paupières, le monde se rétablit en équilibre. Stabilité. Pesanteur. Les surfaces se dessinent. Découpent le monde. Matérialité. Au sortir des rêves. Stabilité des lignes qui découpe la vision. Où est la possibilité de l'élan ?

Le jour peu à peu se remplit des phrases conventionnelles, de celles, sans doute, que tu ne dis pas.

Sous ces bavardages continuels, ils reprennent déjà au sortir de la nuit et de ses possibles, ils n'auront pas attendu bien longtemps, pour de nouveau nous saturer de leurs négations incessantes, les contreforts de la réalité limitent déjà nos mouvements. Encadrent nos possibles et nous coupent du vent immense. Le jour est un mur épais, outre quoi il faut passer. Outre-mer, outre-réel, outre-possible, je cherche en vain dans le dictionnaire les mots qui nous en parleront ; la syntaxe libre rendrait possible les élans : qu'y mettrons-nous de nos rêves ultra-réels ? Autrefois, je l'ai entendu, lui qui s'est réfugié dans le silence, évoquer les cieux ultra-marins… mais pourquoi parlait-il d'entonnoir… il fallait donc qu'il pleuve, ∞ment violemment, pour qu'il en vienne à cette image, je ne l'aime pas mais cela n'a aucune importance puisqu'il parlait d'outrance.

Passer outre, il faut penser à cela. Ultra-mondain, l'élan serait plus porteur. Outrepasser les possibles est la condition sine qua non sous laquelle nous déplacerons les lignes. Un déplacement infinitésimal suffirait, en l'occurrence, pour s'assurer encore d'être en vie. Cela assurerait, clinamen minimal, que les possibles ne sont pas tous fixes dès les premiers instants. Prendre de l'élan et outrepasser les possibles. Une légère inclinaison y suffira : le clinamen pourrait n'être que minimal, il nous sauverait néanmoins de la chute verticale et immobile dans le temps et l'espace.

Attends-moi, Ulysse, je prends de l'élan…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire