Je ne sais pas pour quelle raison très ancienne mes mouvements entre les lignes sont déliés comme sont déliés les pas possibles entre ces très archaïques constellations nées de rien d'autre que des résidus post-industriels de quelque matière fossile presque épuisée. Je ne sais pas pour quelle raison cela allège mes mouvements de les sentir sous mes pas, de me sentir marcher sur des vestiges improbables de matière plusieurs transformée et abandonnée, que plus personne ne regarde jamais, que tout le monde ignore, de sorte que pour moi seule elle peut rester un monde inconnu et silencieux.
Cela n'a aucune importance, strictement aucune importance.
Notre ignorance de la cartographie possible de ce monde est un aléas sans signification de son existence. Il suffit de baisser la tête, et de renoncer à offrir ses joues à la force du vent du soir, pour voir de quelle manière les constellations se forment, pour en deviner les agrégations aléatoires, imprévisibles, ou peut-être très prévisibles, je n'en sais rien, à dire vrai, car à elles jamais aucun mot ne s'est accroché, jamais aucun mot n'a agrippé ses syllabes prenantes et creuses de manière à en enserrer durablement les contours, pour les fixer selon des limites précises et dessinées d'une main sûre.
Au lieu de quoi il se forme d'étranges nébuleuses dans lesquelles nous ne sommes pour rien.
Nébulosités gravides de possibles et de déroulements, d'enroulements, en sens contraire, inverse, opposé (ou je n'y connais rien, il est possible que je n'y connaisse rien, je n'ai aucune prétention particulière sur ce point là). Les mondes se font et se défont sous les pas, est-ce bien indifférent ?, il n'est pas même nécessaire d'y prêter attention, d'y prendre garde, il n'est pas même besoin de souligner d'un trait de son regard les étranges cataclysmes calmes et silencieux sur lesquels nous glissons, tels des formes fantomatiques, défaits de notre pesanteur conventionnelle.
Il n'est ici plus rien de conventionnel. Le monde est à l'envers, c'est une évidence contre laquelle nous ne pouvons plus lutter. Nous sommes sortis des Enfers en descendant, ce qui, de mémoire ∞e ne s'était encore jamais produit, et voilà que, baissant la tête, nous nous apercevons que nous marchons sur des galaxies imprévisibles, sur des constellations sidérantes, et nous restons impassibles, et nous passons, sans rien dire, dans le froid de la nuit, pour seulement contourner la forme immense et sombre du bâtiment géométrique. Il n'y a que cela qui nous occupe.
samedi 5 mars 2011
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