Plus rien n'a d'importance. Cette fois, plus rien n'a d'importance. Au lieu de renverser la tête en arrière vers le ciel, de lever les yeux vers l'∞ pour y chercher des mondes et des galaxies, de sentir sur soi la possibilité d'Orion et les frémissements des Pléiades, il suffit, c'est beaucoup plus simple, de baisser la tête, de courber l'échine et de contempler, à ses pieds, sous les traces de ses chaussures, les taches maculées et maculantes de chewing-gums mâchés, recrachés sur le bitume rougeoyant comme un sanglot. Ponctuations sur le monde matériel de leurs éructations, eux tous, passés avant, qui recrachèrent à même le monde l'amertume de leur salive qu'ils n'avaient pas pu distiller sereinement dans d'habiles sarcasmes.
Dans un ricanement on s'aperçoit soudain que Kant, songeant des mondes, au creux de la rationalité calme, a parlé du ciel étoilé et de la loi morale, mais qu'il n'envisageait pas un instant, pas le moins du monde, soustraction très fautive, de chercher à ses pieds, à même le sol et ses souillures, quelque chose qui, de près ou de loin, ressemblât à des enroulements, à des déroulements de galaxie improbablement délités. Faute magistrale de conception dans l'esprit le plus avisé de tous ces temps. Il me suffit, je n'en ai cure, de baisser la tête et de contempler le sol, pour constater, seulement constater, dans une passivité affolante, il n'y a rien d'autre à faire, j'en puis témoigner, les galaxies qui se dessinent, ou plutôt, soyons modestes, les constellations aberrantes.
A présent que j'ai commencé à le voir, le phénomène s'emballe et je ne vois plus que cela, des constellations sidérantes qu'aucun Ptolémée jamais ne contempla, qu'aucun de ses disciples, jamais, ne s'avisa de contempler, et pour lequel nul instrument de visée ne fut avec patience mis en point. Les crachats les plus infâmes, résidus pétrolifères transformés au contact abrasif de la salive, se viennent métamorphoser sur l'asphalte (sans doute faut-il attendre la nuit tombée, et les micas surprenants de sa texture basaltique auxquels aucun jour jamais ne parviendra) en des constellations aberrantes, que nul navigateur ne sut suivre dans sa recherche constante et avisée de l'horizon.
C'est pourtant à elles que je guide mes pas, dans la noirceur de ces ténèbres, afin de frayer ici bas mon chemin. La route, il serait difficile d'en disconvenir, est incertaine et les possibles en demeurent étroits, assurément, mais n'est-ce pas ainsi qu'il avançait et guidait son navire, sur la mer ulysséenne ?
Pourquoi n'en pourrais-je pas faire autant ?
jeudi 3 mars 2011
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