Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

dimanche 12 décembre 2010

Manuel anti-onirique, XXII


On obtiendra à peu de choses près les mêmes résultats si on observe la scène d'un point de vue physique. 


Le point de vue (mathématique, physique, social… ) qu'on voudra donner à l'affaire ne lui change presque rien. À travers le prisme des différentes mises au point, la situation reste identique. Les conclusions elles-mêmes sont identiques. Et d'ailleurs, toutes les soirées ne sont-elles pas un peu les mêmes ? Des paramètres se retrouvent, presque immuablement, sur lesquels toute soirée mondaine est une variation. Rien de plus qu'une variation. 

Les lignes de force restent à peu près toujours les mêmes.


Par exemple, d'un point de vue physique : les corps se déplacent dans un espace rectangulaire assez lisse pour qu'aucun d'eux ne soit supposé s'effondrer. On évitera, pendant une soirée mondaine, de s'écrouler de douleur, spectaculairement, et de manifester ainsi, au-delà de toute mesure, les souffrances que l'on éprouve dans les aléas de la vie et de la mort sociales. On évitera tout aussi bien, dans la mesure du possible, d'entrechoquer les autres corps. L'emploi de la force physique doit être parfaitement contrôlé, surtout quand on ouvre une bouteille de champagne, ou que, avec nonchalance, avec une parfaite nonchalance, on n'insistera jamais assez sur ce point, on serre la main d'un autre invité. Évidemment, on voudrait pouvoir la saisir. Malheureusement ce n'est pas toujours possible, et celui à qui, un instant, on aurait pensé pouvoir se retenir ne pratique qu'une poignée de mains détachée, qu'il convient assez rapidement de faire cesser. On retire sa main. Et de nouveau, on se retrouve seul, personne pour retenir personne.


Chose étrange : la solitude la plus intense rôde autour de ces soirées.


On assiste alors à une curieuse chorégraphie sur fond de brouhaha. Prenons, au hasard, deux corps : ils se croisent, se rapprochent, un instant presque se frôlent, puis, après s'être penchés l'un sur l'autre dans un état qu'on aurait pu croire d'intimité, s'écartent, et chacun reprend une trajectoire qui lui est propre. Cela ne pose pas de problème : Leibniz nous a depuis longtemps assuré que, quelle que soit la complexité du trait qu'il faut dessiner pour relier des points dans le plan, il est toujours possible de calculer la fonction qui en effet les relie les uns aux autres. Quelle que soit la complexité du cheminement de chacun de ces êtres, il sera toujours possible d'en donner la fonction.



Mais voilà que les mathématiques reprennent le contrôle de la soirée. Il faut donc à présent examiner de plus près son comportement, et voir à quoi elle trouve à se retenir.


 

1 commentaire:

  1. Parfois, dans ces longues et ennuyeuses soirées, certaines trajactoires nous menent tout droit (ou après quelques courbes) à d'inattendues rencontres et discussions...
    Un maigre espoir, mais un espoir quand même...

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