Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

mercredi 29 décembre 2010

Manuel anti-onirique, XXXVI


Exercices minuscules. Inventer des exercices minuscules, dans le dédale de ce labyrinthe (on pourrait, à la limite, douter de son existence), et commencer par là. On pourrait tout à la fois douter de son existence propre et de l'existence de ce labyrinthe. Appropriation du lien au monde, dont il faut espérer la structure aussi solide et serrée qu'une corde de la corderie royale, dont la longueur, après que les brins ont été tournés en une spirale si parfaitement régulière, dans la salle immense qu'elle traverse, subit une réduction d'un tiers de sa longueur : il semblerait que ce soit à cette condition très précise qu'on puisse avoir en elles assez de confiance pour leur confier sa vie dans le déroulement de l'océan. 
 
Or, pour le moment, à cette heure précisément, la structure est incertaine encore. Vacillante, comme la flamme d'une bougie dans le souffle du crépuscule.
 
La tâche se présente comme suffisamment complexe pour exiger une décomposition patiente en  épisodes minuscules (la recomposition demandera à n'en pas douter une certaine patience, nous n'en sommes pas encore là). Ressentir la présence du monde. Rechercher dans la somme de toutes les situations, de tous les objets, de tous les êtres, de toutes les vibrations,  de tous les états de choses (peu importe ici comme on voudra les nommer, le type d'ontologie qu'on entend adopter, le soubassement théorique finira bien, de lui-même, par émerger, et alors nous saurons sur quoi, au juste, nous marchons et à quoi nous nous retenons de toutes nos forces) rechercher et trouver la présence pleine du monde. 
 
Le monde : entendu comme somme méréologique de tout ce qui est. 
 
Il est possible, évidemment, qu'il se déploie dans le disparate, dans l'hétéroclite, et que les éclats nous brûlent les yeux comme des charbons ardents.  Les empilements, cela ne peut être entièrement exclu, seront peut-être instables, dans des équilibres précaires que les vibrations seules des pas pourraient suffire à mettre en péril. Mais entendu comme présence pleine de ce qui est dans le temps et dans l'espace, et dont la présence se perçoit dans ce qui est, dans ce qui fut et sans doute aussi dans ce qui sera, il est impossible de lui dénier une texture plus certaine qu'à nos rêveries, qu'à n'importe laquelle de nos rêveries.

C'est ce brouillard onirique qu'il faut déchirer. Tout comme les images de nos nuits se dissolvent dans la violence du matin.

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