Clara et Hannah ouvrent leur blog, au printemps 2011 : l'écureuil du net ! à lire absolument !!!!
Merci à François Bon, qui a accueilli sur Publie.net les Carnets Lointains, et le Manuel anti-onirique.

lundi 18 octobre 2010

Carnets lointains, XXVII (tissé)


Les images s'éloignent. Elles se dissipent comme le vent disloque les nuages, leur texture se craquèle, puis ce qui faisait leur puissance suit dans l'espace, sous les paupières closes, des directions opposées, comme si un point d'impact de la rationalité les avait atteintes en plein vol, et le bleu de la conscience apparaît dans un déchirement. Parfois, en plein cœur des nuits, des réflexes de rationalité  sont conservés intacts et purs, qui font regarder ces images d'un œil critique, et les repoussent, et les rejettent loin de ce repos, et puis nous repartons dans nos rêves.  Alternance de la rationalité stable, et de l'onirique pur (elle ne se maîtrise pas). Effets de dynamique intenses, de ces mouvements le dormeur est la proie et le jouet, balancement, contre-balancement, le mouvement se crée et s'annule.

Moments aveugles de silence. Les draps se sont froissés, repliés, des mouvements induits par les rêves. Ils portent le souvenir des extensions et des replis qui marquent la traversée nocturne des songes, et le corps se laisse envelopper non pas seulement de la caresse du lin, de la chaleur de la couche, mais plus puissamment encore de la force onirique de ces images, de sorte que son éloignement de l'endroit où sa respiration caresse l'oreiller est immense, et pourtant, là, il pèse, de tout l'abandon de sa conscience.

Balancement et contre-balancement. Le mouvement se crée et s'annule.

Le visage contre le tissu s'enfonce dans la possibilité de l'oubli. Cherche le souvenir d'un monde qui fut. Caresse de la toile et de son impassibilité. Le contact avec le monde, ce point de contact, contre la joue pourrait être écrasement icarien 

(Icare tombant du ciel, je m'en souviens, à l'entrée de cette exposition au Musée du Louvre, dans l'encadrement de lourdes portes de bois, s'impose ici dans mon regard de toute la netteté de sa chute, trait vertical tombé de la hauteur bleue du ciel, au moment de son écrasement, et le contact de sa joue sur le sol est encore, à ce moment-là, une caresse, et pourtant il est clair, il ne peut pas faire l'objet du moindre doute, qu'à ce moment précisément, dans le brouhaha des visiteurs, et dans la lumière impitoyable, il va s'écraser sur lui-même et lui aussi, se disloquer).

pour l'instant n'est que la tendresse du repos et de l'oubli. Mais tout peut encore changer. La douceur se crée et s'annule. Tout se métamorphose constamment. Les images se dissipent et la seule constance est la métamorphose.


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